Je ne suis pas si différente de vous autres. J’ai physiquement 10 ans. Je suis donc petite. Souvent, ma famille m’habille de sorte à ce que je ressemble à une poupée. J’ai donc les cheveux longs. Une vraie poupée de porcelaine. Le teint clair, les lèvres légèrement rosées. Tout comme mes joues. Ma mère est une spécialiste en la matière. Des fois, dans la boutique, je m’assois sur une chaise, et je ne bouge plus. La plupart des clients me prennent pour une poupée taille réelle. C’est impressionnant de voir à quel point les humains sont naïfs.
Malheureusement, je suis née avec une malformation. Je n’ai pas d’yeux. Du moins, si. J’ai deux orbites vides. Mon ascendante, sous le conseil de mon père, m’a confectionné des yeux bleus de porcelaines. Je peux donc me balader en ville avec ce masque. Bien entendu, lorsque je les porte, il n’y a aucune vie dans le regard. Personne ne peut voir si je suis triste ou joyeuse si je ne joue pas avec le reste des traits de mon visage.
Que dire de plus ? Je n’ai pas de poitrine. Je suis trop jeune pour en avoir. Je n’ai pas d’yeux. Je ne peux pas décrire leur couleur. Quant à mes vêtements ? Malgré notre rang, ils changent souvent, mais reste toujours dans les mêmes choix ; Des habits de poupée. Je ne m’habille jamais comme les autres. D’ailleurs, je ne côtoie jamais les autres enfants de mon âge. De toute façon, pourquoi le ferai-je ? Je suis mentalement plus âgée qu’eux. Donc me retrouver avec eux ne ferait qu’aggraver mon envie de les tuer un à un. Pas parce que j’en ai envie. Mais généralement, les gosses sont beaucoup plus naïfs que les humains.
Ho, j’allais oublier. Je suis un démon, non ? Donc j’ai bien une toute autre apparence par moment. Bien que je préfère mon aspect d’enfant. Au fond de mes orbites, j’ai comme une lueur rouge. J’ignore ce que c’est. Je pense que ce sont les yeux qui auraient dû être là, et qui me permettent de voir ce qui m’entoure. Grâce à ces yeux invisibles, je peux « voir » ce qui m’entoure. Chaque son se répercute sur les murs, sur l’environnement, sur ce qui m’entoure, me faisant ainsi apparaître les formes. Je peux donc savoir à quoi ressemble quelqu’un. Bien entendu, je ne vois aucune couleur.
Enfin, bref. Lors de ma transformation, j’ai les dents qui s’allongent. Toutes. Elles deviennent comme pointues, aiguisées. Comme les chiens, ou les chats. Choisissez ce qui vous convient le mieux. Ho, je suis loin. Ma peau pâlit énormément. Comme si j’étais morte. Une corne me pousse en plein milieu du front. Cela fait ringard ? Peut-être. Mais ce n’est pas moi qui ai décidé de comment je serai constituée. Etant donné que je suis plus vieille qu’il n’y paraît, mon corps gagne en hauteur. Je suis mince. La peau sur les os. Toujours plate. Mes ongles, et mes doigts s’allongent comme des griffes. En réalité, je fais plutôt peur à voir sous cette apparence. Une queue me pousse alors. Plutôt courte. Enfin, pas trop longue. Mes pieds s’allongent eux aussi. Ce qui fait que je marche sur la pointe de mes pieds, mon talon étant du coup en hauteur. C’est comme chez les animaux, oui. Sauf que je n’en suis pas un. Et que je n’ai pas l’aspect de l’un d’eux. Juste quelques particularités.
Mes parents sont des démons qui possèdent des ailes. Moi, pas. Disons que ma malformation a peut-être bien calculée son coup au final. A quoi bon avoir des ailes si je suis aveugle ?

Je ne suis pas spécialement gentille, vous savez ? Disons que j’aurai pu l’être. Mais au final, non. Je n’ai pas cette possibilité. Les amis ? Non. Je n’en ai jamais eu. J’ai toujours étudié à la maison. Comme vous le savez déjà, je suis aveugle. Alors pourquoi prendre des cours si je ne peux rien voir ? Enfin, si. Chaque bruit que j’entends s’éclaire dans ma tête. J’ai comme l’impression de voir ce qui m’entoure. Bien qu’il n’y ait aucune couleur. Je suppose que c’est mon sang de démon qui me rend ainsi.
Ma mentalité n'est pas très compliquée à cerner. Je déteste les autres. Je hais leur bonheur. J'abhorre leur façon de faire. Ils se plaignent. Les enfants surtout. Tout le temps. Ils se plaignent tout le temps de leur vie. Alors ... Dès qu'ils ont une part de bonheur, je le leur enlève. Je fais tout pour les rendre tristes, malheureux. Pourquoi ? Parce que je ne veux plus taire mes besoins. Voir leurs larmes, leurs cris, leur agonie me donne le semblant de bonheur que je n'ai jamais eu. Amusant, n'est-il pas ?
J'aime sourire. J'adore ça. Mais je fais souvent peur, pas vrai ? Suis-je folle ? Mes parents ne m'ont jamais dit le contraire. Cela n'a pas l'air de les gêner. De me voir ainsi. Je ne fais pas de cauchemars. Je ne ressens rien. Comment cela je n'ai aucun sentiment ? C'est faux ! Je ressens quelque chose. Comme une profonde excitation lorsque je dépèce une femme. Ou lorsque j'entends les os des humains craquer sous la force de mes doigts. Ou encore, lorsque je détache la tête d'une personne de son corps. Ho ! Et le plus drôle, voir le visage d'une femme enceinte se décomposer lorsqu'on lui extrait son enfant de son ventre. Généralement, elles en finissent peu après. Ou, elles meurent suite à une perte de sang trop intense.

Gamine précoce ? Je ne dirai pas cela. Certes, mon apparence est celle d'une enfant. Mais en réalité, qui vous dit que je ne suis pas beaucoup plus vieille ? Nous avons aménagé à Londres pour éviter qu'à Brighton, nos voisins ne se doutent de quelque chose. Eh oui, c'est l'inconvénient de ne pas pouvoir vieillir. En réalité, je semble beaucoup plus mature. Enfin, mature est un bien grand mot. Disons que je suis beaucoup plus détraquée que peut être une enfant de mon âge. Je joue avec la mort. Qui penserait qu'une enfant puisse vous assassiner sans l'ombre d'un remord ?