Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit. [PV : MacKayla Lane]
Invité
Invité
Sujet: Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit. [PV : MacKayla Lane] Ven 2 Jan - 16:50
Gémir, pleurer, prier, est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche dans la voie où le Sort a voulu t'appeler, puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. ▬ Alfred de Vigny
Bonjour, bonsoir : On s’en fiche. Ici votre noble démon préféré ; Aleksandr D. Ezequiel. Et aujourd’hui, dans une nouvelle aventure, vous apprendrez avec moi à courir, et à fuir. Parfaitement vous m’avez bien entendu : Fuir. Allez savoir pourquoi, je n’ai rien fait … Pour une fois.
Je me promenais tranquillement, et surtout sagement dans une petite rue de Londres, ce genre de ruelles quasi toujours désertes de jour comme de nuit ; il n’y avait donc personne, aucun être susceptible de subir ma joie de vivre. Non vraiment, j’étais seul, et je marchais silencieusement. Quand tout à coup, comme surgit de l’ombre, trois personnes vinrent me bloquer la route. Je voulais rester gentil, continuer sur ma lancée du coup j’ai essayé d’insister pour passer mon chemin cependant .. ils n’étaient pas vraiment de cet avis. Du coup j’ai décidé à faire demi-tour. Mais voyez-vous, il y avait quatre autres personnes derrière moi, et j’ai même cru en remarquer d’autres au-dessus, sur les toits.
Mais bizarrement ils ne m’étaient pas si étrangers que ça au fond … Peut-être leurs manteaux noirs qui dissimulaient un accoutrement un peu trop religieux à mon goût sans l’être ? Ils avaient tous une croix autour du cou, mais ils avaient surtout un joli symbole qui dépassait quand un coup de vent décidait de passer par là : L’Inquisition catholique. Comme quoi, j’ai une bonne mémoire, je me souviens d’eux, par contre … Il semblerait qu’eux aussi, se souviennent de moi. Bizarre … Ça date pourtant, ma capture, ma captivité, puis ma fuite … Ils m’auront cherché loin et longtemps après en tout cas … Et ils étaient .. bien armés ? Un peu trop pour des religieux je me répète. A l’époque je me sentais tout de même plus en sécurité mais là, il faudrait vraiment que les Hommes arrêtent d’évoluer : Où va le monde ? Je n’ose même pas imaginer les armes de demain. Je fis un pas en arrière, mais qu’importe la direction j’étais coincé … Un pas inutile, un. Serais-je vraiment obligé de recourir à ça ? Mais je ne veux pas ! Une seconde trop tard et d’ailleurs, je me prenais un couteau qui filait droit vers mon visage, heureusement que j’ai un minimum de réflexe j’ai failli ne pas le voir arriver, ainsi perdu dans mes pensées.
Je n’avais pas le choix. Dans un large mouvement de bras je pris mon chapeau en main pour le diriger dans la direction la moins protégée, là où il n’y avait que trois gêneurs et donna un coup à mon couvre-chef avec ma canne, prononçant toute une longue incantation avec un ton sombre et meurtrier, démoniaque donc. De la fumée surgit de mon chapeau comme suite à une explosion, ce qui eut déjà comme effet de les faire légèrement reculer, puis, finalement, toute une myriade de fleurs fut projetée sur eux, profitant de leur surprise pour passer au-dessus d’eux et tourner dans la prochaine rue en courant.
Pourquoi fallait-il que l’on vienne me déranger pile le jour où le matin-même, en me levant, je me suis dit : « Aujourd’hui je serais gentil et sage comme un mouton. » Ça m’apprendra tient, à vouloir me fondre pacifiquement dans la masse humaine. Et c’est qu’ils ne voulaient pas me lâcher, encore deux couteaux qui ont filé dans ma direction ! Et je doute que le coup des fleurs allait fonctionner une seconde fois … Sans m’en rendre compte on s’était déjà clairement éloigné du centre-ville, mais avec ceux qui se promenaient sur le toit des bâtiments il m’était difficile, voire juste impossible d’essayer de disparaître dans un coin de rue et me planquer, attendre. Et j’avais beau prendre à droite, à gauche, je sentais toujours une présence non loin à mes trousses : Ils étaient combien, sérieusement ?! Réfléchit Aleksandr, ils t’ont eu une fois, ils ne réussiront pas t’attraper à nouveau … Réfléchit … Rha ! Rien ne me vient à l’esprit ! Quoi que … Ils me traquent certainement en réfléchissant où j’irais comme des démons … Et si je réfléchissais .. autrement qu’en tant que démon .. ?
Non … Quand même pas … Ce serait trop simple pour être possible. Mais je n’avais aucune idée à part ce qui venais de surgir dans mon esprit … Du coup, ça passe, ou ça casse, comme on dit. Je pressais le pas brusquement et me projetais droit dans une fenêtre pour entrer à l’intérieur du premier bâtiment sur ma droite, et attendis un instant avant de me promener à l’intérieur pour en ressortir d’un autre côté, cette fois-ci à travers une fenêtre, mais après l’avoir ouverte au préalable. Puis toujours aussi vite, je me remis à me déplacer rapidement dans les rues pour arriver peut-être, à l’endroit qui allait me donner mon ticket de secours. Poussant les portes presque normalement malgré le fait que j’étais tout de même en train de courir, je reprenais mon souffle en baissant mon couvre-chef sur mon front, masquant en partie mes prunelles à l’aide de celui-ci et de quelques mèches rebelles, allant m’asseoir sur un banc, dans un coin, imitant alors les personnes autour de moi, non pas sans lâcher un grognement intérieur.
"Le plus important dans la fuite c’est de bien comprendre qu’on ne fuit pas vers quelque chose…On fuit toujours pour s’éloigner de quelque chose, l’endroit où on va n’est qu’accessoire"
Cette phrase n’a jamais eu autant de sens qu’aujourd’hui. Pour fuir ces membres de l’Inquisition, je me suis faufilé dans l’église, et me voilà maintenant à prier sournoisement dans le vide, refusant catégoriquement de prendre ma décision totalement au sérieux. Malgré tout, je n’en n’ai encore vu aucun entrer dans la sainte bâtisse. Parfait, je n’aurais pas à rester trop longtemps dans ce sanctuaire si méprisable qui empeste le dévouement au sacré. Par pitié, faite que mon labeur ne soit pas trop long et laissez-moi sortir d’ici sans décocher la tête des épaules du prêtre qui priait beaucoup trop fort à mon goût non loin de moi.
Sujet: Re: Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit. [PV : MacKayla Lane] Mer 14 Jan - 2:03
Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit.
Invité
Invité
Sujet: Re: Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit. [PV : MacKayla Lane] Ven 30 Jan - 14:26
Gémir, pleurer, prier, est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche dans la voie où le Sort a voulu t'appeler, puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. ▬ Alfred de Vigny
A quoi bon être venu jusqu’ici ? Je ne me sentais pas très bien, entrer comme ça dans un lieu saint et pur, entendre ces croyants prier et murmurer des supplications pourtant à peine audibles entre eux ; mais j’entendais tout, ils désespéraient bien trop fort de leur destin, de leur vie, de leur famille, de leur métier. A certain tout semblait un échec et acharnement divin, d’autres y voyaient une épreuve à surmonter et prouver sa ‘’valeur’’ … Les êtres humains étaient beaux et intéressants, mais Dieu qu’ils sont lais dans une église, à remettre leur existence entre les mains d’une chose dont ils ignorent tout, une chose invisible à leurs yeux, et impalpable à leurs doigts. La civilisation aurait dû en rester aux religions polythéistes, ou simplement s’abstenir d’inventer un tel principe et se chercher d’autres raisons d’avancer, mais des raisons valables : Pas comme ‘’Dieu’’. Des raisons présentes, immédiates et montrables du doigt.
Je prie pour vous, humains, pour vous et pour votre salut dans une chose plus belle et moins capricieuse.
Des roues ? A moins qu’il y ait un mime dans les priants, un bruit de roues vint s’ajouter dans les murmures. Gardant la tête basse, le front et le visage masqué par mes cheveux et mon couvre-chef, je jetais un rapide coup d’œil. Un diable, avec une caisse. Une commande ? Des bougies ? Un sourire moqueur se dessina sur mes lèvres ; inutile d’y prêter attention. J’allais me contenter de rester ici encore quelques minutes avant de sortir et reprendre ma promenade où je l’avais laissé, j’avais vraiment envie de me dégourdir aujourd’hui, et j’ai actuellement du mal à rester en place. Mais patience. Les roues s’étaient tus un instant, pour faire le chemin inverse finalement, dans le même ton monocorde. Peut-être même plus lentement. Par pitié mais faites que cette personne se dépêche de sortir d’ici, c’est absolument désagréable tous ces murmures d’aveux mêlés au bruit de ces roulettes qui grinçaient sur le sol.
▬ « D’ordinaire, les gens normaux se découvrent lorsqu’ils pénètrent un lieu saint »
Mon sang ne fit qu’un tour dans mes veines et une rage folle explosa en silence en mon être de façon parfaitement invisible, on venait de murmurer à mon oreille, je déteste cela, mes oreilles sont beaucoup trop sensibles, sur la surprise j’avais même agrippé le banc et y avait enfoncé mes griffes, laissant gindre un craquement dans le bois de ce dernier. Une voix de femme, et visiblement jeune : Bien, je la déteste. Un frisson était en train de me parcourir de toutes parts c’était tout bonnement … Insupportable. Non pas que je déteste frissonner, je détestais ce genre de moyen pour y parvenir, souffler un murmure à mes oreilles alors que je ne m’y attends pas ; c’est tout bonnement détestable et agaçant ! Premièrement, on ne s’en prend pas à mes oreilles impunément, et deuxièmement : Mon, chapeau, est très bien, où il est. Et personne, n’a le droit de me dicter où le mettre, qu’importe le lieu. J’ai déjà fait l’effort d’entrer dans un tel endroit, je ne permettrais pas que l’on critique ma bonne foi. Les roues se remirent en route et on entendait la porte s’ouvrir puis se refermer, et un autre bruit comme quelque chose qui perdait l’équilibre et manquait de tomber. Ce crime ne restera pas impuni. Dans un geste prompt mais silencieux je me relevais et fis volte-face pour m’avancer vers la porte que je repoussais jusqu’à la faire cogner bruyamment contre la pierre de la bâtisse avant de la laisser se refermer d’elle-même dans un long son strident de vieille porte en bois grinçante.
Etrange, elle était toujours là, à quoi bon passer une porte si c’est pour rester de l’autre côté ? Je vous jure. Elle avait une chevelure soignée et d’un châtain couleur des blés. Et bien qu’elle ne fût pas face à moi, il me semblait pouvoir distinguer un coloris d’émeraude dans ses yeux. Mais le plus désopilant chez elle à voir était sa taille, on pourrait la prendre pour un enfant aussi bien par la taille que son visage, à moins que ce ne soit ce qu’elle est vraiment. Dans un soupire je m’approchais d’elle et venais même me coller à elle de ma grande taille, la tête plus basse encore qu’avant afin de pouvoir la voir : Comment peut-on être si petit, le torticolis était assuré après un quart passé à la fixer ainsi, je pense.
▬ « Mon couvre-chef vous pose-t-il un problème, petite chose ? »
Je pris le temps de la dévisager du regard, et d’analyser ses traits un par un, d’observer son visage et ses yeux, la courbure de ses lèvres, tout ce qui était sujet à être différent d’une autre personne. Bien qu’un moment mon regard s’était déposé sur la caisse maintenue sur le diable, il y trainait une feuille au fond, avec des noms et des signatures, ainsi que … C’était loin, j’avais un peu de mal à lire d’aussi haut sans me baisser ou rapprocher ce bout de papier, mais cela ressemblait à des titres. Peut-être des livres ? J’aime les livres. Sources de connaissances et de possibles curiosités, les livres sont une chose que j’apprécie grandement et la lecture, une pratique que j’idolâtre. C’est étrange, elle dégageait une odeur que j’avais déjà sentie sur quelqu’un que je connaissais, mais je devais sans doute me tromper. Mes yeux de saphirs étaient à nouveau accrochés à son visage, j’attendais une réponse, le visage presque stoïque, mais pas insensible, car mes expressions s’exprimaient à travers mes pupilles, profondément ancrées dans ses iris.
J’étais tout de même en train de réfléchir à cette odeur vaguement familière par le biais de quelqu’un, mais où ? Où avais-je bien pu la sentir … J’avais envie de trouver tout de même, sinon ça allait m’empêcher de réfléchir plus tard, et j’allais bloquer sur cette interrogation. Trouve Aleks, trouve. Réfléchit, rappelles-toi … Un démon … Un jeune démon, un petit démon … Aux cheveux gris … Son tuteur était un ami … C’était … Bon sang de bon soir, pouvoir vivre longtemps c’est pratique mais avoir trop de choses en mémoire : Non.
Tiens, je souris, alors que j’étais perdu dans mes pensées, pour une raison qui m’échappe par contre … Bah. Elle n’aura qu’à l’interpréter comme elle en aura envie. Grent ! Mais je me demande quel type de relation il pouvait bien entretenir avec cette personne pour qu’il traîne son odeur sur lui, les quelques fois que je l’ai croisé. Avoir trouvé la réponse à cette question bien futile ne m’avance à rien, qui plus est, il s’agit d’un gamin que je n’apprécie guère, son maître était bien plus réfléchit, et cultivé : C’était un démon bien. Ce genre de démons se faisait rare, des vieux démons. Les jeunes, les nouveaux, qui expérimentent leur potentiel et leurs capacités sont bien trop … Introvertis. Et lorsqu’ils sont dépassés par ce qu’ils font, ils oublient, ou masquent. Mais assumer n’est jamais, ou rarement un principe qui leur passe par la tête. C’est tout simplement désagréable et désobligeant, ils sont également, si introvertis, qu’ils gâchent des vies humaines en nombre. Et pourquoi ? Par plaisir, par folie, par cupidité ou jalousie : Ou bien par peur. Là était tout le problème, ils sont incapables de se contrôler ou de se maîtriser lorsqu’il le faut, car être ‘’puissant’’ ne signifie pas être insensible ; et ils l’oublient bien trop vite, ce détail pourtant important. On peut être capable de tuer parce que l’on en a le pouvoir, mais on sait ce que l’on fait, pourquoi on l’a fait, et on n’oublie jamais. Un bon monstre n’oublie jamais le visage, ou la voix d’une victime, ou encore comment il l’a tué. Celui qui oublie est un monstre horrible dans tous les aspects, il agit en monstre mais ne veut pas se rappeler, ou réfléchir comme un monstre, et agit comme s’il n’avait jamais voulu tuer, jamais voulu être ce qu’il est.
On ne naît pas humain, on le devient. C’est la même règle pour nous : On ne naît pas démon, on devient un démon. Agir comme un démon et ne pas l’assumer, se l’avouer ; c’est stupide, et même agaçant quand j’y pense. Mais qu’à cela ne tienne, pourquoi y réfléchir ? Surtout en pensant, encore si j’en parlais avec cette … Humaine visiblement à l’odeur, ce serait étrange, mais normal. Enfin, presque normal, mais en tout cas le débat aurait plus de sens. Mais inutile d’y penser plus que ça, je m’en souviendrais une autre fois et je me tiendrais les mêmes propos parce que je penserais toujours ainsi, c’était l’un de mes propres traits de caractères favoris.
▬ « Puis-je au moins savoir comment se nomme la petite impétueuse qui se permet de parler sur les manières des autres en public alors qu’elle-même, faisait un bruit impossible avec son objet à roues dans le même dit-lieu ? »
Sujet: Re: Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit. [PV : MacKayla Lane] Lun 16 Fév - 17:49
Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit.
Invité
Invité
Sujet: Re: Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit. [PV : MacKayla Lane] Mer 18 Fév - 23:04
Gémir, pleurer, prier, est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche dans la voie où le Sort a voulu t'appeler, puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. ▬ Alfred de Vigny
Je continuais de la regarder passivement, donc sans un seul mouvement. Le simple fait d’être collé à elle était amplement suffisant, pour preuve, elle se contenta de relever la tête pour soutenir mon regard sans chercher à se dégager : Alors pourquoi la tenir et la retenir ? C’est comme si, dans un sens, elle était déjà dans ma toile, une toile tissée par mon aura et de par mes manières suggestives de communication, comme l’expression dans les yeux. Ses pupilles avaient beau me dévisager, elle semblait … Perplexe ? Peut-être était-elle en train de m’analyser, moi et mes fameuses manières ! Mais dans ce cas, pourquoi retrousser les lèvres pour me montrer sa dentition ; comme prête à me grogner dessus tel un animal sauvage ? Surtout qu’elle ne faisait que montrer ses dents, pas un seul son ne vint s’échapper de sa gorge. Mais ce n’était certainement pas l’envie qui devait lui manquer. Pourtant, à quoi bon se retenir ? Il était encore tôt, on avait donc beau être dans une grande rue, et surtout aux abords de l’Abbaye de la capitale, il n’y avait pas grand monde : Alors pourquoi. Pourquoi se retenir comme pour donner, une impression ? L’impression de ne pas vouloir se rabaisser dans un lieu public à un tel comportement ?
Une manière de noble voilà tout ce que j’avais à dire, ils font toujours tout pour maîtriser les apparences quand ça peut devenir un désavantage que de se laisser aller, ou mal vue. Ou tout simplement en dehors de leurs forces sur l’instant, par paresse. Mais … Elle semblait fière. Elle fronçait également les sourcils lorsque je me mettais à sourire faiblement. Comment un sourire ne peut-il pas … Plaire ? Si c’était un sourire moqueur encore j’aurais compris, mais c’était loin d’être le cas en cet instant. Pour une fois que je n’allais pas trop vite en besogne, je tombais sur une humaine visiblement contrariée, et pas qu’un peu, et ça, c’est le coup qu’elle vint décocher à ma mâchoire qui me le fait penser. Après m’avoir entamé les maxillaires elle eut un mouvement de recul et elle me fit face, en croisant les bras alors que je levais une main sur mon visage pour me masser là où elle m’avait frappé. Comme quoi, ce n’est pas parce que vous êtes plus grand qu’un autre qu’il ne peut pas vous atteindre pour autant. Elle ne m’a pas vraiment fait mal certes, mais elle m’a tout de même prit par surprise. Par contre … Mon chapeau, lui, est tombé de ma chevelure, la relâchant et la faisant virevolter dans sa chute. Je n’avais jusqu’à maintenant jamais vu une telle manière d’engager une réponse à une discussion spontanée, c’est ce que j’appelle un manque cruel de manières. Mais je ne pus pas prêter davantage d’attention à mon couvre-chef maintenant au sol, elle avait une idée derrière la tête, cela se lisait dans son regard qui cherchait … Une dualité évidente.
▬ « Puis-je savoir qui est cet odieux personnage qui n’a rien à faire dans une Abbaye, et qui y est entré comme pour fuir quelque chose ? Vous entrez dans un cloître sans prendre la peine de vous découvrir. Première erreur. Vous priez, mais vous prêtez attention à mes paroles, au point de mal les interpréter, de sortir dans cet endroit pour me retrouver. Deuxième erreur. Vous n’êtes pas là pour prier. Soit, vous suiviez quelqu’un. Soit, vous échappiez à quelqu’un. Ou alors, vous n’êtes qu’un noble idiot, et inculte concernant la religion. »
Elle comptait sur ses doigts les deux erreurs que, visiblement, j’ai commis en entrant dans l’abbaye. Elle avait de la suite dans les idées. Et son raisonnement n’est pas vraiment faux, je devais bien lui concéder au moins cela. D’ailleurs, elle précisa ‘’noble idiot’’, elle avait également mit à jour mon statut social. Sans doute mes fameuses manières qui se sont retournées contre moi. Encore un mouvement de sourcil ; de la fierté ? Une sensation d’égalité, voire de supériorité ? Allez savoir. Un soupir vint s’échapper de mes lèvres sans pour autant déformer mon visage de son état stoïque, je pensais toujours plus être tombé sur une jeune fille contrariée, la précision d’idiot à la suite de mon statut découvert n’était pas des plus amicales, même pour un démon : Ça au moins, elle ne l’avait pas découvert ! Mais ce n’était pas comme si j’allais le lui dire, j’allais simplement me contenter de le penser. Avait-elle quelque chose contre les nobles ? Son comportement fier est pourtant assez ressemblant à celui de ces personnes privilégiées dont je fais partie. Mais je suppose que l’on peut être un noble et ne pas les apprécier pour autant. Même une petite raison, aussi infime peut-elle être, est amplement suffisant pour en arriver là. Moi je suis un noble espagnol mais je n’apprécie pourtant pas ceux qui sont au pouvoir, tout ça parce que c’est un pouvoir que j’aurais aimé posséder ! Bon, d’accord, ce n’est pas vraiment un bon exemple, la couronne espagnole est diablement tentante comme possession et je suis assez frustré que les nobles humains fassent tout pour m’en écarter alors que je ne suis pas moins légitime qu’eux à sa succession. Je suis juste ‘’un peu’’ plus vieux qu’eux et capable de garder ce pouvoir entre mes mains pour un certain temps. Ils savent surtout que je n’irais pas réclamer cette place par la force, les tuant jusqu’aux derniers alors que je le pourrais, ce n’est tout simplement pas amusant, d’obtenir le pouvoir par la force : Et ils en profitent ces malotrus distingués.
Mais revenons-en à la demoiselle ici présente … Dont j’ignore toujours le nom car elle a omis de me répondre quand je le lui ai demandé, et ce plutôt gentiment et poliment encore je trouve. Deuxième clair manque de manière. Chacun ses erreurs, je suppose ? Mais j’allais garder ce commentaire pour moi-même, encore une fois, il était parfaitement inutile de commencer à répondre ainsi pour s’enfoncer dans cette voie-là, une voie-là qui n’allait pas bien finir sinon, très probablement. Je finis par me baisser pour attraper mon chapeau et e relevais en le tapant pour en extirper la possible poussière qui aurait pu avoir l’idée de s’y loger, une idée qui ne me plaisait pas, évidemment. Aucun homme, ou démon, qui se respecte, ne laisserait de la poussière poser ses valises dans son couvre-chef. Pas un seul, vous m’entendez ? Un être qui se respecte, respecte sa tenue constamment. Et sans faillir. Une fois cette opération achevée je vins replacer ma chevelure derrière ma nuque et mes épaules avant de reposer ma coiffe par-dessus. C’était tout de même, beaucoup mieux comme ça : Un démon prénommé Aleksandr D. Ezequiel sans son chapeau n’est pas un démoniaque Aleksandr D. Ezequiel qui se respecte ; et ce démon sait comment se respecter … Et parfois, il sait également se faire respecter. Il était temps de répondre à l’humaine, en connaissance de son nom ou non.
▬ « Odieux, voilà un bien dur et implacable terme qui vient de s’échapper de vos commissures mademoiselle. Mais je suppose que je peux alors remplacer mes dires de ‘’petite’’ par myrmidon, ou demi-portion. Même si cela reste encore plutôt correct je trouve contrairement au mot dont vous m’avez affublé jeune fille. Les lieux tels que celui-ci ne sont pas interdits au public, n’importe qui peut y entrer, même une petite dame pour y critiquer ceux qu’elle voit, même un homme qui ne prend pas la peine de retirer son couvre-chef, comme vous l’avez si bien fait remarquer. J’aime beaucoup mon chapeau, et j’aime le porter. Je n’apprécie guère devoir le retirer, qu’importe la raison ; je pourrais dormir avec tous les soirs s’il le fallait. Première erreur justifiée. Ensuite, qui a dit que je priais ? Ce n’est marqué sur le front de personne, et si l’on devait écrire sur la tête des gens ce que font les personnes qui se rendent dans pareil endroit, on aurait quelques ‘’se fait abuser par le curé’’ ou encore ‘’explore la nonne qui puise de l’eau dans la cour de l’Abbaye tous les matins à 8h’’ vous ne croyez pas ? Pour en revenir donc à ma possible prière, si je ne prie pas je peux prêter attention aux paroles que l’on m’adresse, surtout si c’est simplement pour me dire que le port du chapeau est mal vu dans un lieu saint, et ce d’un air sarcastique. Et venir jusqu’ici pour m’en plaindre est sûrement plus amusant et agréable que le fait de rester assit à l’intérieur à ne rien faire. Deuxième erreur justifiée. Autre chose ? »
Un nouveau soupir s’échappa de mes lèvres. Il fallait bien que je reprenne mon souffle après autant de parlote, et ce pour des balivernes, pourquoi diable est-ce que je me donnais la peine de me justifier d’abord ? Bah … Ce qui est fait est fait je suppose. Ce n’était pas si ça avait la moindre importance, j’allais juste passer pour un noble idiot, je suppose, une fois de plus. Par contre, depuis un moment je sentais quelque chose, un regard, et pas seulement posé sur moi, mais également sur la jeune dame avec qui je discutais, calmement, chose que j’aimais à préciser et répéter car cela est un fait plutôt rare en ce qui me concerne. Je tournais la tête pour la lâcher du regard quelques instants ; finalement mes sourcils vinrent se plisser également dans ce processus, perturbant l’impassibilité calme et sereine de mon visage. Un agent de police ? Oh non, la dernière fois que j’en avais croisé un, ça c’était mal passé, pour lui. En me voyant l’observer, il détourna un instant le regard également, mais finalement il s’approcha, demandant si tout se passait bien, s’il y avait un problème entre moi et la demoiselle : Tu étais obligé de nous regarder toi ? De faire une ronde ici ? Il n’y a presque personne, juste deux ou trois personnes toutes les 15 minutes qui entrent ou sortent de cette satanée église derrière moi. Autant résoudre cela d’une manière ‘’politiquement correcte’’ et de poursuivre sur ma lancée : On ne tue, ou blesse personne.
▬ « Tout va bien Monsieur, laissez-moi vous présenter mon insigne et mes armoiries … »
Pour une fois que je ne portais pas ma bague en argent avec les armoiries de ma famille aux doigts en plus j’étais obligé de la sortir pour calmer un vulgaire agent de police qui traînait par-là, comme par hasard ! Il y a vraiment des jours où je devrais rester au lit, et ne pas bouger comme une espèce de pantin désarticulé, incapable de se mouvoir ou de faire quoi que ce soit de lui-même. Je plongeais ma main dans une de mes poches : Elle n’était pas dans celle-ci. Je jetais un coup d’œil vers la jeune fille, avec un air ennuyé cette fois-ci, car oui, la situation jusqu’à maintenant avait au moins le mérite d’être intéressante et amusante, mais là : C’était le désœuvrement absolu. Merci beaucoup Monsieur, je vous applaudis, et je vous tire mon chapeau. Dans une autre vie et un autre espace-temps. Au moins un autre continuum. J’essayais une autre poche de ma veste, et je sentis le bijou au métal froid et marqué, orné ; enfin te voilà toi. Je le pris, poing fermé sur lui, et le sortis de ma tenue, pour tendre lentement mon poing vers l’agent de police, le gardant encore fermé pour éviter de faire tomber ma bague, bien qu’il était tout simplement impossible que cela arrive.
Le temps semblait s’être ralentie, ou c’était vraiment moi qui prenais mon temps pour approcher ma main de l’officier pour lui montrer l’objet en question preuve de mon statut, pour qu’il nous laisse vite tranquille, mais en même temps … Je réfléchissais tellement que le temps était presque stoppé … Encore une fois, pourquoi est-ce que je perdais mon temps à me justifier, à vouloir me donner une raison pour telle ou telle chose ? C’est un truc pour les humains, ou pour les imbéciles … Je ne suis ni un humain ni un imbécile, je suis un démon, je suis un noble, et je fais ce que je veux quand ça me plaît … Pourquoi est-ce que je devrais montrer à cet impétueux et grossier personnage ce que je suis pour avoir la paix ? Il était si proche … Suffisamment proche pour que je le transperce de ma main en pleine poitrine … Et finit les problèmes … J’entendais sa respiration … En fonction de sa taille, je voyais pertinemment où enfoncer ma main dans sa chair pour faire le plus dégâts à son organisme incapable de se régénérer … Si j’étais un vampire je verrais en plus, clairement ses veines à son cou, j’entendrais son sang couler dans son corps … J’ai vraiment envie de le détruire maintenant … Je suis un démon … Et un misérable humain qui n’en vaut pas la peine m’importunait tout bonnement, comme s’il le devait, alors que la seule chose qu’il me devait et ce par obligation, c’était de ne pas se mettre sur ma route … Tout ce qu’il avait le droit de faire à m’encontre était de m’accepter et d’accepter ce que je fais … De baisser le regard quand je le dévisage et de se plier en quatre jusqu’à s’écraser le visage contre le sol quand je passe devant lui … Stupide humain … Stupide … Misérable … Lamentable … Minable … Miteux … Abject … Honteux … Infâme … Méprisable … Et …
▬ « Vulgaire … Humain … »
L’officier grimaçait, et palissait à vue d’œil. Et doucement, il commençait à se courber et tituber. Sa chair était molle comme de l’éponge, et son sang chaud, une douce et agréable chaleur qui sentait la mort. Sans m’en rendre compte je l’avais vraiment planté avec ma main le bougre, et visiblement … Il n’avait pas l’air d’apprécier. Tu m’étonne … Maintenant que j’y prêtais attention, je constatais que j’avais percé son poumon droit après avoir brisé quelques-unes de ses côtes sur le passage. Je n’avais même pas fait attention au bruit des os qui se brisent … Voilà ce qui arrive lorsque j’essaye de rester calme, je suis complètement ailleurs quand je fais une bêtise. Attendez, j’ai dit une bêtise ? Balivernes : Quand on fait ce que l’on veut, il n’y a rien de vos actions que l’on peut juger de bêtises. Je retirais ma main de sa poitrine, faisant grincer ses côtes brisées et la plaie béante dégouliner de sang humain. De sang de vulgaire humain. Mais bon, autant faire preuve de ‘’politiquement correcte’’ malgré tout. J’avais toujours ma bague en main, je pris alors la peine de retirer mon gant couvert de sang pour le jeter par terre afin de mettre le bijou et le présenta -avec un sourire narquois et sarcastique- à l’homme qui tombait lentement à la renverse.
▬ « Mais vous pouvez constater qu’il n’y a aucun soucis … Vous pouvez nous laisser, et partir … L’esprit tranquille. »
Le corps tomba raide au sol dans un bruit de chair déjà dépourvu de conscience, ses globes oculaires avaient beau être aussi ouverts que ceux d’un chat, il n’y avait plus aucune lueur de vie, j’y étais allé … Peut-être trop fort. Je suppose qu’il ne partira alors pas l’esprit tranquille. Pas grave, je m’en fichais de toute façon alors à quoi bon, je poussais un soupire de dédain au cadavre et me je refis face à la demoiselle au nom inconnu qui venait d’assister à la scène : Que faire d’elle maintenant ? Un sourire se dessina sur mes lèvres, mais il était différent de très loin de celui que je lui avais adressé plus tôt. Sa chair devait être délicieuse à déchirer, certainement plus que cet homme en tout cas … Je ricanais. J’aurais pu régler mes problèmes depuis le début de cette journée de cette façon, mais tel un égoïste je n’en n’avais fait qu’à ma tête ! Rha ! Ça m’apprendra, et c’est tout ce qu’il y a à dire sur le sujet. Au moins il y avait une bonne nouvelle, je ne m’étais pas salie la main ! Juste la manche de ma veste … Mhpf … Avec ma fainéantise légendaire, et ce malgré mon amour propre, je finirais par la jeter pour la remplacer tout simplement. Bah, ce n’était pas comme si j’étais en manque de vêtements. Et tant qu’à faire, autant regarder cette feuille que la jeune fille avait dans sa caisse, sur son diable. Ce que je fis, je me baissai avec grâce pour me saisir du document : Des noms, des chiffres, et des … Titres de livres ? Ho. Elle vendrait des livres ? Une libraire ? Intéressant … Ou pas, bon diable mais qu’est-ce que je suis en train de refaire ?! Ô moi ; Aleksandr D. Ezequiel, remet cette feuille dans sa boîte ! Un soupir, un haussement d’épaules, et je lâchai la feuille au-dessus de la caisse, la laissant retomber, à côté de la caisse : Ô moi ; Aleksandr D. Ezequiel, pourquoi tu n’as pas remis la feuille dans sa boîte ?! Bon, l’hilarité de la situation dépassait un certain plafond, cela méritait bien un petit tour de magie. Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait un petit tour de magie. Je pris mon chapeau en main et y plongea une main, je fouillais … Je fouillais … Et j’en sortis une corne ! Je remis mon chapeau sur la tête, je fixais l’instrument à couinement avec … Grand intérêt … Et fascination … Et je pressais la partie molle pour en faire sortir un magnifiquement couinement d’ailleurs, un sourire large, carnassier, et démoniaque sur le visage : Ce honk était pour toi, misérable policier, et pour pousser le vice jusqu’au bout, je dirais, face à cette église, que ce cadeau funéraire que j’étais en train de t’octroyer ; était, un sacré, miracle. Amen. Je fis couiner l’objet une seconde fois, pour mon plaisir personnel, avant de le laisser tomber sur le cadavre baignant dans son sang. Ça, c’était ce que l’on peut appeler, une bonne journée.
Je lançais un nouveau regard à la jeune fille … Et je réfléchissais à quoi faire d’elle, ou avec elle, bien que cela voulait dire de toute façon la même chose. Mais je réfléchissais sérieusement. Bien que … La seule option que j’envisageais restait dans l’aspect hilare de la situation dont le contrôle m’avait échappé. Sans perdre mon sourire, je vins pencher la tête en la fixant d’un air … Diaboliquement joyeux, mon visage irradiant de bonheur.
▬ « Accepterais-tu, ou accepteriez-vous, de bien vouloir m’amener chez vous, et peut-être, me cacher, et reprendre cette discussion autour d’une bonne tasse de thé, et d’une délicieuse sucrerie ? »
Sujet: Re: Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit. [PV : MacKayla Lane] Lun 2 Mar - 19:35
Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit.
Invité
Invité
Sujet: Re: Il y a des jours il vaudrait mieux rester au lit. [PV : MacKayla Lane] Mar 3 Mar - 17:52
Gémir, pleurer, prier, est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche dans la voie où le Sort a voulu t'appeler, puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. ▬ Alfred de Vigny
▬ « Tu crois vraiment m’effrayer après ça ? Crève pour que je te cache. Tu t’es mis dans cette situation tout seul. Alors maintenant, tu en sors seul. Je ne me mêle pas de ça. Tu l’as tué sans même le connaître. Je suppose que, pour lui, de grands avis de recherches vont être placardés dans toute la ville. Mes félicitations mon cher. Même le démon que je connaissais n’était pas aussi idiot que toi. »
Encore une pique froide et sèche après m’avoir giflé une seconde fois, des fusils dans les orbites à la place des yeux, et ce avant de croiser les bras pour peut-être, mieux me prendre de haut. Elle n’était pas surprise de tout ce qu’il venait de se passer, au contraire ; lorsque j’ai enfoncé mon poing dans le torse et le poumon de l’officier, j’ai senti une forme de plaisir derrière moi, là où elle se trouvait précisément à cet instant. Mais le fait qu’elle évoqua la connaissance d’un démon justifiait totalement cette non-surprise à l’encontre de mon acte, et aussi le fait qu’elle ne me craignait visiblement pas. En tout cas, pour me frapper et me regarder de haut, me refuser quelque chose comme un simple et vulgaire service ; oui, elle ne devait pas me craindre, pas le moins du monde. Je me tenais de nouveau le menton, elle avait de la poigne, c’était indéniable et il fallait le lui reconnaître. Et son tempérament, ma foi, était également agréable, pour une humaine en tout cas. Mais revenons-en, à cette histoire de démon qu’elle connaissait ; ce n’était pas un mensonge car après tout cela se sentait elle, mais j’avais déjà sentis cette odeur ailleurs, sur un démon justement, démon que j’avais nommé plus tôt en me remémorant son nom : Grent. Même pour un démon encore tout jeune et tout frais, il semblerait qu’il s’était trouvé en bonne compagnie, cependant, l’utilisation du passé dans les paroles de la demoiselle laissait sous-entendre que c’était finit. Entendait-elle par là qu’ils ne se voyaient plus ? Elle qu’elle pensait le connaître ? Elle semblait lui en vouloir d’une certaine façon, sa manière de parler de lui était … Cinglante, et brutale, comme une lame d’épée qu’elle enfoncerait en lui, chaque fois qu’elle prononcerait son nom, ou ferait allusion à lui. Il n’y a que les jeunes femmes trahies et trompées qui parlent ainsi de leurs ex-maris ou amants qui les ont lâchement abandonnées pour aller brouter un autre pâturage : Il faut apprendre à gérer vos hommes mesdames, et les éduquer comme il se doit.
Aurait-elle eu une liaison avec lui ? Pourquoi pas, il faut croire que le meurtre ne la gênait pas plus que ça. Mais alors pourquoi le passé ? Quelque chose qui s’est passé pendant ? Ou qui s’était passé avant ? Je me posais évidemment beaucoup trop de questions, même si au final le temps que je passais à me les poser ne sembler n’être que des secondes courtes et furtives, ce genre de secondes auxquelles vous ne prêtez jamais attention, ou rarement. Personne à droite, et personne à gauche : Rien à signaler, nous étions toujours seuls dans les alentours, face à la sainte bâtisse. Enfin, presque seuls, il ne faudrait surtout pas oublier de mentionner cette présence dans l’ombre d’une ruelle non loin qui ne cessait de me fixer, il semblerait, je sentais un regard plus que lourd sur moi : Mais si elle n’a fait jusqu’à maintenant que m’observer, il devait s’agir d’un de ses chasseurs de l’Inquisition. Bonté satanique, ne pourrais-je donc jamais être tranquille ? Il y avait cependant une bonne nouvelle, s’il n’agissait pas c’est qu’il devait être séparé des autres du groupe initial qui m’a alors pourchassé tôt dans la matinée. Je ne te laisserais pas le temps de me suivre ou d’aller prévenir tes amis. Le regard que je lançais à la demoiselle devint mauvais, mais ce n’était pas elle que mes yeux regardaient.
▬ « Assez joué. »
Tout se passa très vite, mes lèvres eurent à peine le temps de se refermer que je m’étais déjà retourné vers le cadavre du policier, lançant mon chapeau en l’air tout en ayant une main à l’intérieur, et plus il s’éleva, plus on pouvait constater que j’en sortais quelque chose de plus grand qu’une simple corne, cette fois-ci, c’était un pilum, lance épaisse que j’enfonçais précisément dans la plaie béante du cadavre et légèrement dans le sol, tandis qu’un long ricanement sortait de ma gorge. Alors que la scène du crime semblait totalement différente maintenant, je plongeais de nouveau une main dans mon couvre-chef qui était en train de retomber, et dans sa chute j’en sortais un mousquet particulièrement long que je venais pointer à bout de bras dans la direction de la ruelle où je sentais ce regard inquisiteur me juger et me traiter de tous les noms et dans la seconde qui suivit faire feu avec ce fusil rayé à poudre noire, libérant une bruyante détonation sur la place. Pour la forme, je rechargeais le fusil pour tirer une nouvelle balle promptement : On pouvait discerner la délicieuse plainte d’une cible criblée de balles. Une cible qui tituba de l’ombre pour s’écrouler à plat ventre sur le sol, une main sur le flan, et son sang perlant et recouvrant déjà avec lenteur le pavé. Dans un geste nonchalant, alors que des hurlements se laissaient entendre à l’intérieur de l’abbaye, je jetais l’arme vers le nouveau cadavre, non pas sans difficultés, car mon bras semblait avoir perdu de la puissance, et surtout de la longueur. Mais ce n’était pas qu’une impression, j’étais en train de revêtir ma forme de jeune garçon d’à peine neuf ans d’âge, déchirant mes vêtements du bout de mes griffes pour les ajuster comme un véritable maître tailleur. Me laissant tomber sur les genoux devant la jeune femme, je me mis à pleurer à chaudes larmes tandis que ma chevelure déteignant pour devenir blanche comme de la soie, et que mes pupilles bleutées devinrent rouges comme du sang. J’avais beau pleurer tel l’enfant que je donnais l’impression d’être, au fond de moi je bouillonnais, je ricanais et me délectais de ces deux cadavres, et de comment j’allais me sortir de cette situation en jouant sur les apparences. Mes larmes étaient réelles, mais je me retenais d’exploser en un éclat de rire et ainsi dévoiler la véritable nature de mes pleurs.
La porte de l’abbaye était en train de s’ouvrir, quelques nonnes et prêtres, ainsi que des croyants virent alors la scène macabre dans laquelle se trouvait, à leurs yeux, une jeune femme qui venait de faire ses livraisons en tant que libraire, et à ses côtés, un enfant albinos qui pleurait, encore et encore, ainsi qu’un cadavre empalé sur une lance et un autre, visiblement la victime des coups de feu, probablement tirés avec le fusil qui repose devant le cadavre. Qui irait soupçonner un enfant et une jeune fille ? Le fusil était plus long que ma propre taille, et n’était certainement pas adapté pour que la demoiselle puisse s’en servir elle-même. Même raisonnement pour le pilum. L’alibi parfait. Une nonne s’avança sur la place pour venir s’agenouiller devant moi, et posa ses mains sur mes joues pour les essuyer, chuchotant de nombreuses fois que tout allait bien. Pauvre naïve, si tu savais seulement ce que tu étais en train de toucher, tu préférerais très certainement te pendre dans les minutes qui vont suivre. Avec voix douce et chaleureuse, tout en continuant de sécher mes larmes, elle me demanda ce qu’il s’était passé, quoi de mieux que la parole innocente et pure d’un enfant pour obtenir la stricte vérité. Gloussant, je reniflais faiblement et la regardais, calmant mes pleurs pour alors lui répondre.
▬ « J’étais en train de me rendre à l’abbaye pour demander bénédiction et bonne grâce pour ma chère mère, fatiguée et malade, et alors que je croisais la demoiselle .. le monsieur à côté est tombé avec la sorte de lance et .. et puis .. du liquide rouge est allé sur moi et la fille .. et .. et .. le monsieur là-bas nous demandait si tout allait bien, mais, il y a eu des grands derrière nous .. deux fois .. et le monsieur est tombé par terre .. quelqu’un s’est approché et il a .. posé son fusil par terre pour toucher le monsieur .. et il est partit dans la rue juste à côté … Mais … Tout va bien, n’est-ce pas ..? Hein ..? Tout va bien .. tout va bien .. tout va bien .. tout .. va bien … »
Ces derniers mots semblaient résonner lentement, mes yeux de rubis dévoraient la nonne du regard, lui insufflant ces paroles en elle. Mes mains vinrent se poser sur les siennes pour les caresser, et même si mon visage dégageait tristesse et horreur, il suffisait de me toucher pour sentir la malice qui s’échappait de mon aura. Je t’avais prévenu, si tu savais seulement ce sur quoi tes mains reposaient, tu te retirerais la vie, honteuse, souillée jusqu’au plus profond de ton âme. Je n’avais guère besoin de la toucher davantage pour le lui faire comprendre, laisser mon aura et mes pulsions la traverser, la pénétrer était suffisant, ces dernières assaillant son esprit de pensées lubriques et interdites, coupables : Je sentais déjà ses mains devenir moites, et la honte dévorer de plus en plus sa précédente bonne humeur, bonne et tendre, ainsi que ses yeux. Je laisserais en elle cette honte, cette souillure, pour qu’elle s’en empreigne jusqu’à l’os et jusqu’à ce que l’humiliation que ces pensées lui infligeront la pousse au suicide. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres enfantines, me donnant presque un air adorable qui quiconque ayant connaissance de ma véritable nature. La nonne lâcha mes joues et je me relevais, alors qu’elle répétait à son tour, comme un automate, que tout allait bien. Je me tournais alors vers la libraire, la dévorant intensément de mon regard rougeâtre, ne perdant pas ce fin sourire enfantin que portait fièrement mon visage. La charmer ne sera pas nécessaire, et ne serait pas amusant de toute façon, qui plus est, cela pourrait même se révéler inutile, uniquement avec mon regard, après tout, elle aurait visiblement longuement côtoyé un autre démon. Et je n’allais pas essayer de la charmer avec un vil baiser, ainsi en public, ce serait certainement plus amusant et plaisant en procédant de cette façon, mais cela encore fois gâcherait tout le plaisir que je pourrais obtenir auprès d’elle, par d’autres moyens. Je me rapprochais de la caisse sur le diable pour regarder la feuille que j’avais pris en main plus tôt, heureusement, le prix de chaque livre était indiqué, et il en restait un : Dans un mouvement alors gracieux mais à la fois démoniaque dans la gestuelle, je plongeais une main dans une de mes poches pour en sortir quelques pièces, en touchant les faces de chacune d’elles je pouvais dire qu’il s’agissait de la somme exacte à régler. Je laissais ces pièces tomber dans la caisse, avant de me saisir de l’ouvrage que je venais de payer, et j’entre-ouvrais mes lèvres, sans laisser s’échapper un quelconque son, mais la forme de mes lèvres était suffisante pour s’imaginer avec aisance quel bruit aurait dû s’échapper, un grognement, mais un grognement satisfait et malicieux en vue de mon faciès et de mon regard. Un regard avec lequel je me permis tout de même une petite folie ; même si je ne comptais pas la charmer, je pouvais très bien lui faire passer un message par la pensée, une pensée toute aussi malicieuse que l’expression de mon visage et que ma voix qui s’immisçait dans son esprit :
▬Je ne te lâcherais pas petite libraire, et de toute évidence tu sembles prendre ton pied à la vue d’un meurtre. Et ne me compare plus à Grent à l’avenir … Ce n’est qu’un humain devenu démon par accident … Un mouton est plus effrayant que lui. Allons chez toi. ~▬