❖  Histoire :

Asha est née en Inde il y a de cela seize ans. C’est une jeune fille née dans la caste des Vaisya, la troisième caste. Cette caste est celle des « agriculteurs » et des artisans, ceux qui occupent le commerce dit-on généralement. La famille Rajani, vit énormément de ses terres et ses troupeaux, très jeune Asha a été initiée à ces pratiques. Le travail de la terre étant pénible, elle se trouva bien vite plus douée pour s’occuper des vaches sacrées. Elle fait partie de ces survivantes, qui n'ont pas été tuées à la naissance.

Les règles sont très complexe en Inde… aussi Asha a très vite pu voir que la vie serait difficile, notamment pour les femmes ! Comme dit précédemment, les Vaisyas sont généralement la classe du commerce. Et parmi leurs devoirs religieux il y a l’étude du Véda, qui est cependant interdite aux filles ; Asha aurait beaucoup aimé l’étudier, ne serait-ce qu’un peu… Elle ne voulait pas être comme toutes ces filles, qui obéissaient sagement… Quel était ce destin horrible ? Entre le rite du sathi, la prostitution, la dépendance à un « mâle »...non elle ne voulait pas d’une vie comme ça.

Un tabou monstre ? Non, mais Asha refusait une vie dictée par les hommes et les règles ennuyeuses, la jeune fille est âgée de sept ans. Quand il (le Véda) était enseigné en plein air, elle l’écoutait intentionnellement et essayait de le mémoriser... autant dire que c'était peine perdue.


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Quand elle ne s’occupe pas des vaches sacrées ou des autres travaux de la maison, Asha préfère jouer dans les arbres et agir comme un petit garçon. D'ailleurs certains on même cru que s'en était un. Pour cela, elle s’éloigne très souvent de chez elle, car si ça s’apprenait sa famille serait couverte de honte sur des générations… déjà qu’elle était fille unique, les Rajani en avaient assez souffert. Asha s’en voulait à elle-même, c’était de sa faute si ses parents étaient si honteux ? Surtout sa pauvre mère…

Fort heureusement, Asha jouait sur un site désertique, un ancien temple d’Hanuman où vivait des singes. Une colonie de macaques y a élu domicile, depuis plusieurs années maintenant, là au moins Asha ne risquait rien de la part des animaux. C’était tellement plus simple et puis elle savait bien que si elle disparaissait… personne ne s’en soucierait, sauf sa mère. Ça ferait de la place et ça reviendrait moins cher, c’est tout. Le fait d’être aussi souvent avec les petits singes, fait qu’on surnomme Asha « Anjana » qui est le nom de la mère d’Hanuman. En effet, la jeune fille est souvent couverte de ces animaux et n’hésite pas à jeter des pierres à ceux qui approchent.

Mais la rencontre la plus belle pour Asha fut avec Mohan… A l’époque elle avait douze ans. Sans lui, Asha ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Elle le chérissait autant que sa mère. Alors qu’Asha était au temple d’Hanuman, allongée sur le sol pour faire la sieste, quelque chose vint lui chatouiller la tempe. Pensant à un des singes, elle ne réagit pas au début, mais le pression se faisant de plus en plus forte, elle ouvrit les yeux pour se retrouver nez à nez avec… un tigre du Bengal. D’abord surprise, effrayée et intimidée, Asha ne bougea pas, retenant son cri de surprise en plaquant sa main sur sa bouche. Le tigre reniflait ses longs cheveux noirs, se demandant certainement ce que c’était. C’est la première fois qu’Asha en voyait un de près et dans les parages… était-ce la faim qui l’avait amené jusqu’ici ? Quoi qu’il en soit, Asha se risqua à lever doucement la main vers le félin, pour le caresser. Bien évidemment, il refusa de se laisser toucher et préféra fuir. Vous me direz, que c'est d'un classique, un banal et voir même d'un irréalisable déjà vu... mais pourtant c'est probable.

Quelques jours plus tard, elle le croisa à nouveau et de fil en aiguille, ils se lièrent d’amitié, Asha l’avait surnommé «Mohan». Si la sieste avec un animal de cette taille est confortable, les jeux avec un tigre sont assez délicats. Asha ne refusait jamais de jouer avec Mohan, qui était encore jeune. Avec ça, elle développa une force impressionnante. Jouer avec un animal de cette envergure, lui avait donné des bras d’acier ! Mais également pas mal de blessures, comme des griffures... et puis bon en Inde on privilégie le garçon à la fille pendant les soins.


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« Il est temps pour toi de quitter cette famille ! »

Ah ce discours qu'elle redoutait tant... Son père la détestait vraiment, lui qui voulait un fils... et il essayait toujours d'en faire un d'ailleurs. Asha était assise devant son père, l'écoutant sans vraiment l'écouter. Un mariage... non pas ça, ça signerait son arrêt de mort. Tellement de filles mourraient à cause de ça, a cause d'une dot insuffisante ou au décès de leur époux. Être traitée comme une simple... « femelle » ? Non jamais elle ne vivrait comme ça.

« Mais père, je ne veux pas quitter cette famille. »

« Tu oses discuter Asha ?! »

« Non, bien sure que non mais... »

« Silence ! De toute façon j'ai déjà choisi ton mari ! »

« Mais père, je... je ne veux pas épouser un inconnu ! Le seul que je voudrais épouser c'est le... »

Oh, elle avait faillit révéler l'impensable. Son père l'aurait sans doute punie très sévèrement... d'ailleurs il n'attendit pas plus longtemps pour la gifler :

« Estimes-toi heureuse d'être toujours vivante Asha ! N'oublie pas à qui tu dois la vie ! »

Elle ne pouvait rien dire, il avait raison... dommage. Le père d'Asha est un homme violent et légèrement colérique, malgré ses quelques instants de tolérance... il n'hésiterait pas à débarrasser la famille de ce fardeau ! Et ce, par tout les moyens...


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Asha détestait les anglais, plus encore ceux présent en Inde. Ils étaient si prétentieux, si étranges, hautains et superficiels… Ils exploitaient sa terre natale pour un bénéfice dont elle ignorait la signification. Plusieurs fois elle avait préféré se cacher, plutôt que de parler à un anglais. Mais la pire des choses que les anglais pouvaient faire… c’était chasser.

Elle savait que ces étrangers étaient amateurs de beau trophée de chasse. Et le plus beau des trophées en Inde ce n’était pas… le tigre ? Asha avait quatorze ans , ce jour là, une chasse avait lieue en forêt. Elle avait abandonnée son devoir et tout le reste pour sauver Mohan. Elle préférait être frappée par son père, abandonnée, déchue, reniée, ignorée, plutôt que de voir Mohan mort.

Au final, elle retrouva l'animal, celui-ci était dans les ruines d’un couloir a fixer cet homme, pointant un fusil sur lui. Asha n’en croyait pas ses yeux, elle était cachée dans les buissons et se hâta de sauter dans le dos du chasseur, pour faire dévier la trajectoire de la balle. Celle-ci ricocha sur un mur et s’incrusta dans une colonne. Le bruit fit fuir le tigre et Asha utilisait tout ce qu’elle pouvait, ses dents, ses ongles, sa voix, ses coudes, ses poings, tout pour blesser le chasseur. Voyant sa proie fuir, le chasseur pesta contre la jeune fille :

« Tu vas me lâcher, sale petite sauvageonne !? »

Il donna un coup de crosse au visage d’Asha, qui relâcha bien malgré elle cet homme. Sonnée l’espace d’un instant, elle essayait de reprendre ses esprits le plus vite possible. Une masse orangée vint s’abattre à côté d’elle, dans un rugissement sourd. Elle sursauta en laissant un cri de surprise lui échapper, c’était Mohan qui venait de se jeter sur le chasseur. Celui-ci était plaqué sur le ventre à gémir. Asha s’empara du fusil et s’enfuit dans la jungle, ce minable anglais ne pourrait rien face à Mohan, sans arme. Mais s’était sans compter, que ces anglais étaient plein de vices… c’est à l’arme blanche qu’il prit la vie du si bel animal. En entendant ce gémissement de douleur, Asha fit volte face, ses yeux reflétant une panique immense. Elle retourna sur ses pas, pour trouver Mohan couché sur le côté. La jeune Vaisya en laissa tomber le fusil et se jeta sur le corps du félin.

« Mohan !!! »

Elle ne pouvait y croire, elle versait des larmes sur la magnifique robe flamboyante du tigre… L’anglais derrière elle, réajustait ses vêtements et sa coiffure, récupérant son fusil.

« Eh bien… cette chasse aura été un vrai plaisir, ça m’a donné du fil à retordre, mais quel trophée. Il fera une magnifique peau dans mon salon, mes invités seront émerveillés de voir ton ami sur le mur ou le sol de ma demeure. »

Asha cessait de pleurer, haletant bruyamment au bord de la folie. Elle posa délicatement ses doigts sur le manche de l’arme et les resserra dessus. Elle se mordit la lèvre et en entendant les murmures obscènes de cet aristocrate… Qui était-il pour avoir prit la vie de Mohan ? Qui était-il pour avoir oser lui prendre le seul bonheur de ce monde ? Elle poussa un grognement bestial et retira le couteau pour trancher le corps de l’anglais. Est-ce qu’Asha comptait réellement le tuer ? Pas sûr, elle aurait voulut le faire reculer, mais elle ne regretterait pas son geste.

Là, Mohan bougea lentement, gémissant doucement. Asha eu un peu d’espoir, le tigre se releva et se retira dans la jungle, suivit de la Vaisya. Il voulait mourir quelque part… et Asha l’aiderait à aller jusque là-bas.

Comme seul souvenir, Asha prit des poils de sa somptueuse robe de feu et les mit dans un tout petit sachet brun, qu’elle porte constamment sur elle. Sans Mohan elle n’aurait jamais connu une certaine joie de vivre… sans lui elle n’aurait pu connaître le repos, elle n’aurait jamais pris de recul sur cette vie et elle espérait sincèrement qu’il ne lui en voulait pas, d’avoir été humaine… et que comme elle, il ne l’oublie pas.


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Plus rien ne la retenait ici… elle voulait partir, mais où ? Pour faire quoi ? Elle ne savait que danser et s’occuper des vaches… Alors qu’elle emmenait de l’eau dans une jarre sur sa tête, elle entendit une conversation pour le moins inquiétante :

« Vous savez ce qu’on raconte ? Un homme anglais a été sauvagement attaqué dans la forêt, une vraie sauvage ! Elle aurait tenté de lui trancher la gorge et si un villageois n’était pas arrivé à temps, après avoir entendu des cris effrayants, l’anglais serait mort. »

« C’est vrai, j’ai moi aussi entendu ces cris effrayants il y a des lunes. J’ai pensé à un animal qui se faisait dévorer… mais s’il y a quelqu’un d’aussi monstrueux dans la forêt, il faut à tout prix qu’on évite d’y aller. »

« Ou alors on le traque… peut-être que si on offre une récompense pour ce fou, quelqu’un nous l’amènera ? »

Cet anglais était encore vivant ? Après avoir eu une blessure aussi grave ? Quel idiot le paysan qui l’avait aidé ! Si on apprenait que c’était elle, cette furie ce soir là… qu’est-ce que ça serait pour les Rajani ? Asha le découvrit bien vite. L’appât du gain était incroyablement fort et elle avait très vite été vendue par son père... Ça y est il avait enfin réussit à débarrasser la famille de ce déchet humain qu'était sa fille inutile ? C’est une nuit, au temple d’Hanuman qu’on l’attrapa. De cette petite foule de traître, sortis un homme. Asha afficha un air surpris, redoublant de rage. Cet anglais… ce maudit anglais avec un bandage… était toujours en Inde ? Les bras croisés, affichant un air plus que satisfait :

« Comme on se retrouve, petite sauvageonne… »

« Vous… Je vous croyais entouré de charognards ! »

« J’ai bien cru que la mort venait me chercher, moi aussi… mais fort heureusement on m’a soigné à temps. »

« Les vautours n’auraient même pas voulut de votre carcasse ! »

Il se pencha sur elle, se saisissant de son menton sans aucune douceur, pour éclairer son visage avec les torches :

« Hum… je n’avais pas vu un si joli visage ce jour-là. Acceptes de t’assagir et de venir avec moi. Je dois rentrer au pays pour quelques petites choses à régler, là-bas au moins on t’apprendra les bonnes manières.»

L’indienne lui cracha au visage. Par la suite, Asha fut condamnée à trente coups de fouet. La morsure du fouet était insoutenable, mais elle ne pleurerait pas devant eux. Les coups semblaient redoubler à chaque fois, ils semblaient être interminables et Asha se demandait s’il y aurait une fin à ce supplice... Et comme tout à une fin, quand la torture fut terminée, l'anglais emmena Asha avec lui. Sûrement pour en faire un jouet au début ou tout simplement pour exposer la jeune indienne comme poupée de collection en Angleterre ? Une chose est sûre, Asha était suffisamment envahie par la rage, pour vouloir vendre son âme à celui ou celle qui lui promettait la mort de son père, de cet anglais, de ce village qui la rejetait...

En tout cas, l'anglais ne parvint pas à faire ce qu'il voulait d'elle et il ne tarda pas à la vendre à un cirque quelques mois après son arrivée. Là-bas, après qu'on ai essayé d'en faire une acrobate ou une danseuse exotique, c'est finalement le rôle de charmeur de serpent qui lui fut attribué. Imaginez dans quel état elle se trouvait lorsqu'on fouettait un éléphant, un cheval ou un tigre ? Plusieurs fois en guise de punition, elle avait été privée de nourriture et enfermée dans l'ancienne cage d'un lion. Il lui arrivait d'y rester plusieurs jours, dans cette cage froide et humide, cachée par une toile sale et terne, qui laissait passer la lumière du jour.

C'est une nuit, qu'elle réussit à s'enfuir par on ne sait quel miracle. Pour aller où ? Pour faire quoi ? Elle se demandait ce qu'elle allait faire maintenant... a part danser dans la rue et courir pour échapper à Scotland Yard. Une vieille femme accepta de la faire travailler dans son auberge, en échange de quelques travaux, elle lui apprenait mieux l'anglais et les codes de vie d'Angleterre. Mais Asha ne veut pas être un fardeau pour cette femme, l'indienne cherchait cette personne... celle qui lui était... destinée ? Ou qu'elle pourrait servir, même si ce n'était pas vraiment dans ses principes... Après tout, nous avons tous quelqu'un qui nous attends... et qui sait, cette personne vaudra peut-être la peine qu'Asha la serve.

❖  Famille :

Elle se considère comme orpheline, mais ses deux parents sont toujours en vie et vivent en Inde. Elle n'a pas de frère ou de sœur.