Cher Journal, aujourd’hui j’écris pour la première fois sur tes belles pages. C’est un jour comme les autres mais Antoine vient de t’acheter en ville afin que j’ai de quoi me distraire. Je ne pensais pas qu’il te choisirait avec tant de soin, mais je suis content. Il est tellement gentil, j’espère que tu ne lui a pas coûté trop cher.
Sur tes belles pages, je compte noter toute ma vie, je me confie à toi désormais alors ne me trahis pas. Comme le meilleur ami que je n’ai jamais eu, comme le confident non vivant, je pourrais te parcourir de ma plume tes épaisses pages sans que tu ne puisse me reprocher quoi que ce soit, sans que tu me critique, sans que tu me juge. J’aimerais pouvoir dire autant à Antoine mais j’ai peur qu’il me déteste, pourvu qu’il te tombe jamais dessus et qu’il te lise jamais. Enfin, il t’as offert à moi et il est pas bête alors il respecte sûrement mes secrets. C’est vraiment quelqu’un de bien.

Je m’appelle Tristan Valérient et je suis né depuis très longtemps déjà, ou plutôt je crois qu’Antoine m’a dit que ça faisait 12 ans depuis noël dernier je ne sais pas ce que ça veut dire exactement, j’ai pas vraiment appris à compter. J’écris déjà un peu et je sais lire mais ça chuuut c’est un secret entre nous trois. En attendant chaque jours de retrouver celui que j’aime, je vais écrire sur tes pages. C’est pas vraiment un métier, j’en ai d’ailleurs pas vraiment, apparemment trop jeune pour pouvoir travailler alors j’attends Antoine tous les jours et essaye de grandir vite pour ne pas trop le déranger. J’ai bénéficié de son rang de comte, ça non plus je ne sais pas trop ce que ça veut dire mais je crois que ça signifie qu’on est important et qu’on a des serviteurs. Moi j’en ai jamais eu, je sais même pas comment on se sert de ce truc, je me suis toujours débrouillé tout seul pour tout depuis ma prison et je fais tout tout seul…sauf l’amour où j’attends toujours Antoine.

Puisque que tu n'as pas d'yeux, je vais te dire comment je suis comme ça tu sauras au moins à quoi je ressemble en dehors de connaitre mon écriture et mes secrets. Je suis plus petit qu'Antoine d'une bonne tete, mais je suis plus jeune aussi alors ça doit etre normal. J'ai aussi la peau très pale un peu couleur du lait très fragile mais c'est parce que je ne sors pas beaucoup, enfin c'est une dame très gentille qui est venue me voir une fois qui me l'a dit. Elle a aussi dit qu'elle aimait beaucoup mes yeux qui ressemblaient à des Saphirs...ça je sais pas vraiment ce que c'est mais je vais chercher dans les livres du manoir quand j'aurais le temps pour le moment j'ai encore pleins de choses à te dire. Bon, je dois continuer parce que sinon c'est pas précis. Toujours de cette gentille dame, j'ai des traits d'enfants qui me rajeunissent beaucoup et des lèvres fines couleur corail. Elle aimait aussi beaucoup l'ovale de mon visage et la finesse de mes mains sur les siennes. Je crois que c'est tout ce dont je me souvienne vraiment..a oui et j'ai des traces marrons bleutées un peu partout sur le corps mais ça part avec le temps, c'est du a des betises que j'ai faites et on m'a tapé à cause de ça...il parait que ça va disparaitre mais moi je trouve ça moche alors en dehors de celle sur mon épaule gauche que je peux pas cacher quand il fait très chaud, je cache les autres et il y a que Antoine qui a le droit de me voir tout nu alors il les voit aussi.

Toujours cette gentille dame m'a souvent dit que j'étais un jeune garcon très gentil, attentionné et surtout très souriant. Que je ne fais pas souvent des caprices et que je suis sage surtout pour un enfant de mon age. Sauf que je crois qu'elle ne sait pas tout de moi. Si je devais me décrire, je dirais que je suis aussi très jaloux quand on s'approche d'Antoine surtout de peur qu'il en aime un plus qu'il m'aime. Je l'aime tellement...mais ce qu'elle ne sait pas vraiment tout de moi, c'est que j'essaye de cacher au plus profond de moi ce que je pense mal, je sais que c'est pas bien mais je peux pas m'empecher d'etre comme ça. Je déteste par dessus tout attendre pour manger enfin, ça c'est que depuis que je suis dans le manoir dans les étages...depuis que je suis sorti de prison. J'essaye de plus etre comme ça mais je peux pas. Si j'ai pas ce que je veux rapidement ça me donne très mal à la tete et j'ai envie de me cogner contre les murs...ça aussi c'est un secret alors ne le répète à personne. C'est horrible, j'arrive pas à me controler et je devient méchant...Antoine ne doit pas savoir, il me détesterait. Sous mes mèches de couleurs bois et mon allure fébrile comme certains disent, je suis capable de beaucoup de choses sous l'effet de la colère...enfin, je sais pas si ça s'appelle comme ça quand je deviens fou à cause du mal de tete. Ça cogne comme quand on tape deux barres de fers ensembles, comme le bruit de la porte de ma prison, comme le bruit des menottes...j'ai mal...j'ai peur...tout se mélange dans ma tete, je comprends plus rien.

[Il y a longtemps]

Aussi loin que je me souvienne, ça remonte à il y a très longtemps déjà. Il faisait très froids vraiment très froids et j'avais seulement un grand pull trop grand pour moi comme seule couverture mais aussi comme habillement et j'étais vraiment très petit dedans. Il faisait aussi très sombre et humide et ça sentais pas bon comme presque toujours. Tous les euh...beaucoup de temps on ouvre les grilles, on me retire mes habits, on me sort de la pièce et on me détache et on j'ai le droit de remonter les escaliers pour aller dans la salle blanche où je vais dans la baignoire déjà préparée. J'aimais beaucoup cette salle, elle est propre, sens bon, chauffée je m'y sentais vraiment bien. Je vais en premier dans l'eau pour me laver et même si c'est un peu froids je suis content d'être tout propre. Une fois lavé je me sèche en faisant des allés retour un peu partout tout en regardant par la fenêtre puis après je remet un grand pull tout propre. Mais je dois faire ça vite parce que sinon on me gronde et on me sort, mais avec le temps j'ai compris combien de temps exactement je pouvais rester sans me faire gronder et frapper. Puis on me ramène tout en bas et je retrouve une pièce qui sens moins mauvais mais toujours aussi humide et froide...mais je suis content quand même parce que je me sens propre. Une fois en y allant, j'ai croisé un garçon qui est beaucoup plus grand que moi et aux yeux d'un très beau bleu, il m'a sourit...je ne savais pas qui il était mais j'avais envie de lui parler et le revoir sourire...c'est bête mais je me sentais bien en repensant à ce sourire gentil...le temps a continué longtemps comme ça, ponctué par quelques battue parce que je dois pas être là ou que tout simplement le Comte est de mauvaise humeur...ou encore des entrevues avec une dame, plutôt gentille et qui fait des grands sourires elles aussi, elle m'a parlé de son autre fils qui s'appelle Antoine, je crois que c'est le nom du garçon au sourire d'Ange parce qu'ils ont la même façon de sourire. Elle me parle un peu et je dois lui raconter ce que j'ai fais dans la semaine puis elle part, on me remet des chaines, réduit la lumière et referme la porte. Ça a été comme ça pendant beaucoup de temps, depuis toujours de ce dont je me souviens. Pendant mes journées je ne faisais rien de super, je reste assis dans la pièce en attendant qu'on me donne du "travail" et si je travaillais bien, j'avais droit de manger. Sinon, j'ai faim et j'aime pas ça.
Mon travail consistait en pleins de choses différentes et parfois j'ai des choses bizarres à faire mais ça va quand même, j'ai l'habitude de l'odeur. Je vidais les caniveaux ou allait chercher des choses tombées dedans, je vidais aussi les pots de chambres ou encore allait récupérer du bois dans la foret. J'aimais bien ça, je pouvais sortir et je me sentais bien. Et puis je voyais le soleil aussi...mais j'ai aussi fais d'autres choses comme retirer les os de choses différentes, les animaux du déjeuné, les trophées de chasses du Comte pour décorer ou encore de ses invités qu'il n'aimait pas. Ça sens mauvais et je me sens mal, j'ai pleins de sang sur les doigts, c'est pas comme de l'urine, c'est pire! Mais je dois le faire pour manger et ne pas me faire battre, je déteste le bruit des chaines sur ma peau, et puis ça fais mal…

[Puis un jour]

Un jour, comme tous les autres, beaucoup de choses ont changées, j’ai eu mon entretient avec la gentille dame et elle m’a dit que j’étais devenu grand et un gentil garçon, que j’étais quelqu’un de bien et que j’étais sûrement en âge de comprendre…mais comprendre quoi ? Je ne savais pas trop quoi en penser mais j’ai comme souvent hoché la tête, pendant qu’elle parlait je ne devais rien dire mais je t’écoutais, elle était très pâle et n’avait pas l’air d’aller très bien, je me suis un peu inquiété pour elle et elle m’a dit de ne pas m’en faire et de rapidement grandir avant de partir et de m’embrasser sur le front. En partant elle m’a dit qu’elle avait quelque chose m’appartenant dans sa chambre et qu’elle me le donnerait la prochaine fois que je pourrais sortir et qu’elle sera là une fois guérie. Elle a ajouté qu’elle m’expliquerait tout…mais m’expliquer quoi ? Il fallait que j’aille la voir pour comprendre tout…mais ce jour n’arriva jamais. J’ai appris quelques jours plus tard en allant prendre mon bain qu’elle était morte. Dommage, elle était gentille avec moi.

Quelques jours plus tard ma vie changea pour beaucoup, à peine ais je pu prendre mon bain que je ne retrouvais plus mes vêtements habituels. Alors que je m’attendais à me prendre de nombreux coups pour être resté trop longtemps, à la place on ouvrit la porte et une dame habillée d’un tablier m’apporta des vêtements propres, un haut et un bas, des sous vêtements et m’expliqua comment les mettre. Un peu gêné qu’elle me voit tout nu, j’ai tourné le dos et ai fais comme elle a dit de faire. La sensation était bizarre mais j’aimais bien, ça tenait chaud et je n’avais pas l’habitude. Je me demandais pourquoi tant de vêtements soudainement. Je n’ai jamais eu de réponse mais ça a continué pendant quelques jours. Je n’avais plus à faire des travaux, je mangeais plus et une fois par jours au moins…comme une impression de bien être. Les jours passèrent et j’avais le droit de me laver tous les jours parfois avec un reste de braises de quoi rendre l’eau tiède, j’avais droit à une salle avec quelque chose pour dormir en coton blanc surmonté de pieds de bois, ils appellent ça un lit. C’était génial, c’est doux chaud et confortable avec la couverture, parfait pour dormir…je me demande si la gentille dame avait droit à ça elle aussi…et plus les jours passèrent et plus j’avais droit à des choses…c’était bizarre mais chouette. La seule chose qui n’a pas changé, c’est l’anneau à côté de ma couche qui me fait un peu peur…

[Une semaine plus tard environs]

attention âmes sensibles:

[Le lendemain]

Le lendemain de cette aventure, alors que j’essayais en vain d’oublier les faits de la veille, je me promenais dans le jardin de la propriété comme bien souvent à la recherche de petits animaux à caresser ou autre. Au lieu de cela, j’ai vu le garçon aux yeux bleus approcher et se présenter…c’était Antoine, la première fois que je le voyais d’aussi près, il était encore plus beau que dans mes souvenirs. Nous avons ainsi discuter quelques heures et vint l’heure pour lui de rentrer à ses occupations et moi à ma couche. Je n’avais pas du tout envie d’y retourner et voulais dormir dehors…mais c’était interdit alors j’y suis retourné et il ne s’est rien passé, du moins j’avais espoir pour que ça ne se reproduise plus.

Les temps qui suivirent l’événement se reproduisit de nombreuses fois chaque nuits de bal, chaque nuits auquel était convié le Comte était prétexte à ce qu’un homme nouveau me fasse subir ce châtiment tant détesté. Ils ne s’arrêtaient pas tous quand je leur demandais en prétextant qu’il en voulaient pour leur argent, chaque nuit c’était la même chose, chaque soir n’était que tourmente…tous les soirs c’était sûrement beaucoup dire, disons quelques fois par semaine tout au plus, les soirs restants, Antoine venait me voir et nous restions discuter pendant des heures dans ma salle de sous sol. Je n’aime pas cette pièce avec le lit, je n’aime pas cette pièce avec ces hommes, je n’aime pas ces hommes, je les déteste, ils me font mal, parfois ils me font saigner et ils me salissent…je préférais ma salle de sous sol, même si je n’ai pas le droit d’être propre, même si je n’ai pas le droit de manger à ma faim, même si je dois vider des cadavres et avoir les mains pleines de sang…je crois que ce qui me faisait tenir c’était les visites d’Antoine. Quand il me demandait comment j’allais, je souriais et lui disais que tout allait très bien, mais que le travail qu’on me donnait était difficiles sans lui donner plus de détails…ce petit manège dura pendant près de deux années avant que je n’apprenne une nouvelle…triste ou non c’en était une…Victor Valérient était mort…ce qui signifiait pour moi bien des choses, plus ce travail, mais surtout…que je me trouverais à la rue, sans rien ni personne, sans avoir découvert le secret de la dame, sans Antoine…

J’ai pu assister aux obsèques de très loin et j’ai aperçu Antoine pleurer, c’était son père après tout…en voulant le consoler, je me suis approché et il m’a regardé en séchant ses larmes. Il a sourit et il m’a dit que je ne devrais pas m’inquiéter de savoir où dormir prochainement et qu’il s’en occuperait. Même dans la tristesse il s’occupait de moi, je crois que c’est ce que j’aime le plus chez lui, il est gentil, attentionné, patient et très beau…la nuit est tombée, on m’a ramené à ma salle de sous sol avec mes anciens vêtements, sans grande surprise, ce décès signifiait la fin du calvaire pour moi et l’espoir d’une vie meilleure de ce que disait Antoine.
Les heures passèrent et je commençais à croire qu’il s’était moqué de moi tout en essayant de me convaincre qu’il était sûrement très occupé à autre chose que de s’occuper de moi…non, il était trop bon pour faire ça. En plein milieu de la nuit, on me réveilla et on me détacha, on ouvrit la grille en grand et on me demanda de suivre la femme en tablier. Cette dernière me conduisit à une chambre, c’était celle d’Antoine. Il s’y trouvait et m’y attendait bras ouvert et j’ai couru m’y blottir sans trop savoir pourquoi…la suite de la nuit, je ne peux pas te la raconter parce que c’est secret, tout ce que je peux te dire c’est que j’ai ressentis pour la première fois le besoin de sentir un corps contre moi et que c’était bien plus agréable qu’avec tous ces hommes…

Depuis ce jour, je vis dans le manoir à ses côtés et il me tarde de découvrir le reste du monde sur ce nouveau départ…

Epilogue: