Rien à y faire : Alexaria était bel et bien perdue ! Un chemin ici, un chemin par là, des portes à gauche, des portes à droite. Mais où était-elle précisément ?! Elle avait juste voulu suivre le majordome en noir et s’était retrouvée ici, sans rien ni personne autour d’elle. Mis à part des murs, bien entendu. Pourquoi se trouvait-elle ici, dans ce manoir déjà ? Et à qui appartenait-il celui-là ? Ah oui… Ciel Phantomhive. Ah celui-là… Il l’invitait ici pour parler affaire puis la faisait poireauter dans son salon !! Pour qui se prenait-il ?! Elle faisait tout de même un centimètre de plus que ce gamin ! … Qui avait, certes, deux ans de moins qu’elle mais bon…
Elle avait néanmoins essayé d’ouvrir plusieurs portes. Mais toutes avaient été fermées à clé. Elle ne pouvait faire que suivre tel ou tel chemin, elle ne pouvait que suivre tel ou tel couloir. Mais quand ce labyrinthe prendrait-il fin ? Le sien était tout aussi grand – même plus, sa compagnie étant quand même assez grande et puissante – mais jamais elle ne se serait perdue dedans. Oui, la dernière des Lionphontivus se voilait bien la face : elle s’était perdue plusieurs fois dans son propre habitat et Akira, son nouveau majordome, avait dû la chercher lui-même pour qu’elle retrouve son chemin. D’accord, elle était nulle en orientation. Mais elle ne l’avouerait jamais, bien entendu !!

« Si seulement j’avais apporté ce dragueur avec moi… »

Pourquoi lui avait-elle ordonné de rester au manoir déjà ? Pour une chose absurde, bien évidemment. Comme à son habitude, Alexaria avait dû lui demander un truc totalement idiot. Peut-être se rappellerait-elle de quoi pendant qu’elle cherchera son chemin. Mais peut-être qu’elle ira jusqu’à mourir dans ce manoir sombre et moche qu’était celui que possédait le sir Phantomhive ?! Non, Alexaria ne faiblira pas ! Car, oui, elle n’était pas n’importe qui !
Alors qu’elle commençait tout de même à perdre son courage, ayant un peu trop froid dans cet endroit peu éclairé par la lumière sainte et si pur du soleil (wouah, c’est beau !!), elle entendit un grincement.

« Un sauveur ? »

Non, la jeune fille aux merveilleux cheveux châtains ne croyait pas du tout au beau prince charmant. Mais elle aimerait n’importe qui la sortirait d’ici ! Pourquoi ? Parce qu’elle avait peur pardis ! Même si personne n’aurait pu le sentir, pas même un démon. Quoique…
Gardant son souffle, ne respirant plus, la petite Lionphontivus attendit que la chose qui faisait ce bruit apparaisse.

« Je peux vous aider ? »

Une voix forte et fraîche de jeune garçon retentit en résonnant dans le couloir aux portes fermées. La dernière des Lionphontivus avait d'abord perçue une silhouette floue légèrement lumineuse et avait pensé, malgré elle, que Marie la Vierge qui a eu un Enfant était venue se présenter à elle. Tout compte fait, si cette personne devait être divine, elle se serait plutôt appelée Jésus.
Mais le doux Jésus, si grand, si fort et si troué de partout avait de long cheveux bruns bouclés. Or, le jeune homme se tenant devant elle avait des mèches blondes resplendissantes et soyeuses retenues par de petites barrettes rouges sang. De grands yeux verts et un léger sourire encourageant complétaient ce visage accueillant. Quant à son corps, il était de ceux que la petite fille détestait. Grand, terriblement mince et quelque peu efféminé, son interlocuteur était son opposé presque parfait. Où l'atteignait-elle ? Sans doute à la poitrine ou un peu plus bas. Oui, elle n'allait pas aimer ce personnage à l'allure joyeuse.

« Oui, vous pouvez m'amener à un arbre, que je me pende. »

Se disait la jeune fille en regardant de travers ce domestique débraillé.
Avec ses vêtements tout froissés, le blanc de son t-shirt terriblement sale et ses bottes pleines de terre, la jeune fille était gâtée. Un porc habitait ces lieux et elle n'allait pas se priver d'en avertir toutes les bonnes familles de Londres. Et d'une, ce comte la faisait poireauter, de deux, il faisait tout pour ne pas qu'elle retrouve son chemin et de trois, il lui envoyait un type puant la sueur comme sauveur !! Déjà qu'elle était énervée, là, ça n'allait vraiment pas bien se passer...

« Que faîtes-vous ici ? Vous ne devriez pas travailler, roturier que vous êtes ? »

Non, elle n'était pas aussi méchante qu'elle pouvait l'être. Mais elle n'était pas non plus dans une bonne posture pour insulter ou menacer. Perdue comme elle était, elle devait plutôt essayer de se calmer. De plus, peut-être que ce dégoûtant domestique était apprécié par ce comte idiot qui faisait un centimètre de moins qu'elle ? Avec la chance qu'elle avait, le maître de maison pourrait bien l'embêter jusqu'à la fin de ses jours en apprenant qu'elle avait maltraité son protégé. Voilà pourquoi elle essayait de souffler autant qu'elle le pouvait pour évacuer la colère qui ne comptait la lâcher.
Attendant la réaction de cet idiot aux paquets de fins fils d'or collés au crâne, elle serra les poings.

Le jeune homme aux paquets de fils blonds regarda la jeune fille d'un air très surpris et déglutit assez bruyamment. Quoi ? Qu'avait-elle fait ? Le regardant de travers, la dernière des Lionphontivus ne comprit l'expression de son interlocuteur qu'après cette remarque.

« Vous avez une sacrée humeur dîtes-moi !... »

… Avait-elle pensé tout haut, elle qui le faisait généralement tout bas ? Enfin, cette attitude n'était réservée que pour les enquêtes. Quand elle était seule ou quand elle s'énervait sur les faits et gestes ainsi que sur les réflexions de son dragueur de démon, elle pouvait parler pendant des heures toute seule, et cela sans s'arrêter. Mais ici... Elle avait dû s'emporter : elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle avait tout dit à haute voix.
Dans tous les cas, cela ne s'annonçait pas bon. Elle était sûre que le domestique crasseux en face d'elle lui faisait plein de reproches. Mais, quant à lui, c'était bel et bien tout bas qu'il le faisait. Ce qui était certain, c'était que ces deux-là ne s'entendraient pas. Pourtant, son jeune maître n'était pas différent d'elle. Il ne devait pas laisser ses servants faire ce qu'ils ont envie quand ils en ont envie et où ils en ont envie. Quoique... A croire que non parce que...

« Je voulais chercher mon chapeau dans mes quartiers. »

… Et tu pouvais pas le prendre à ton réveil ton chapeau ?
Un regard plus meurtrier que celui d'Alexaria à ce moment-là, tu meurs, cher lecteur. La jeune fille tenta néanmoins de se reprendre. Pour elle, tout devait être toujours parfait. Après tout, ses domestiques avaient toujours été des démons. Et elle savait mieux que quiconque qu'ils étaient meilleurs que tous les autres servants du monde. Elle avait oublié que les humains avaient des défauts, n'ordonnant et ne dévoilant ses désirs qu'à ces êtres supérieurs aux yeux rouges sang et aux ailes d'un noir écœurant.
La question du jeune homme qui suivit mis mal à l'aise la petite fille. Qu'est-ce qu'elle fichait là déjà ? Et où était-elle précisément... ? Ah oui. Elle était dans le manoir du comte Phantomhive et attendait que ce dernier se bouge pour pouvoir parler affaires avec lui. Mais quelles affaires ?... Elle ne s'en souvenait même pas. C'était de la faute de ce gamin qui faisait un centimètre de moins qu'elle après tout ! A trop faire poireauter les gens, on leur donne envie de se désintéresser totalement de notre personne.

« J'attends votre maître mais on dirait qu'il a décidé de me faire poireauter jusqu'au bout.. Voulez-vous bien m'amener à son bureau ? Après avoir récupéré votre chapeau, bien entendu.  Ah, et... Ne faites pas attention à tout à l'heure, je me suis emportée. »

Pff... Un chapeau ! Bon, d'accord, la dernière des Lionphontivus savait que travailler sous la chaleur de cet été ne devait pas être un jeu d'enfant. Mais ce domestique était tout de même une sacrée lopette !! Connaissait-il l'expression « prendre sur soi » ?
Elle attendit, les bras croisés, la réponse de cet être inutile avec lequel elle s'était, pour le moins, assez bien comportée.

Ses jolies phrases eurent l'air d'apaiser l'interlocuteur de la petite Alexaria. Elle s'était excusée indirectement et cela ne lui plaisait guère. Une merveilleuse fille de son rang si élevé dire des choses de ce genre à un domestique qui nageait dans la boue chaque jour avec grand plaisir... Elle en eut des frissons de honte et faillit même aller jusqu'à se frapper elle-même. Mais bon... Elle savait bien qu'il fallait jouait aux hypocrites pour avoir ce que l'on voulait dans la vie. Et ses défunts parents l'avaient bien éduqué. A cette pensée, le joufflu visage de la jeune fille s'assombrit entièrement. Il ne fallait surtout pas qu'elle ressasse ces horribles souvenirs.
Ce fut la voix mélodieuse du serviteur blond qui l'enleva gentiment à eux. Lui demandant de le suivre, il se mit devant elle et commença à marcher d'un air décidé, regardant droit devant lui. Le chemin était, comme tous les autres, aussi sombre que lors de la nuit. Heureusement que les cheveux lumineux de l'esclave en face d'elle l'éclairait, car dans le cas contraire, Alexaria se serait déjà perdue.

« Attendez-moi là, s'il vous plaît. »

Le jeune homme s'arrêta si rapidement et Alexaria était tellement perdue dans ses pensées qu'elle faillit le percuter. Il ouvrit une porte et entra dans ce qu'on pouvait peut-être appeler une chambre... Assez bordélique. D'accord, la dernière des Lionphontivus était plus bordélique que ça, mais grâce à Akira, personne ne pouvait le savoir !! Elle pouvait donc critiquer ceux qui ne connaissaient pas le verbe « ranger ». Elle pénétra dans la petite pièce sans y être invitée, comme à son habitude, et scruta cette dernière.
Un petit lit, une mini armoire et des petites choses inutiles par-ci, par-là. Le domestique ne fit même pas attention à elle : il était absorbé par la recherche de son bien. Bien qui devait vraiment compter pour lui puisqu'il fouillait de partout... Il le trouva après dix minutes de dur labeur, sous le lit et intact.
Alexaria sortit de la pièce avant qu'il ne remarque sa présente dans son antre et attendit que le jeune homme en sorte à son tour. Ce qu'il fit après quelques secondes avec un petit sourire niais sur son visage.

« Excusez-moi pour l'attente. Mais maintenant, c'est bon, je vais vous conduire au bureau. »

Et il se remit à marcher. Alexaria en avait marre de marcher, s'il pouvait savoir !! Quand ce manoir allait-il finir, sérieusement ?! Pour s'obliger à penser à autre chose, la petite princesse commença la discussion, se mettant tant bien que mal à la hauteur de son interlocuteur.

« En fait, comment vous appelez-vous ? Et pourquoi travaillez-vous ici, vous n'avez pas de parents ? Tous les domestiques de votre maître sont aussi désordonnés que vous ? »

Alexaria n'en avait aucun intérêt mais bon... Elle s'ennuyait. Et tout le monde savait que la pire des choses qui pouvait arriver à la femme était l'ennui.


(Désolée pour cet énorme retard... Avec la rentrée et certains événements, je n'avais plus envie de rp... J'espère que tu répondras vite ^^.)