Alexaria Lionphontivus marchait librement. Autour d’elle : des ruelles, des magasins, des gens pauvres ou riches, des marchands. Elle avait laissé Eleanor régler les dernières affaires et avait fait, comme à son habitude, ce qu’elle voulait ou, enre autre, elle avait fait… N’importe quoi et était perdue. Toujours comme à son habitude. Mais bon, dans tous les cas, Eleanor la retrouverait et elle ne pourrirait pas ici au milieu de toutes ces personnes sans intérêt.
Alors qu’elle allait retourner sur ses pas, une enseigne entra dans son champ de vision : « Love and Pets ».

« Ca doit être une animalerie… »

Pensa la jeune noble en s’avançant jusqu’à la porte du magasin.
La dernière fois qu’elle était venue ici, il y avait autre chose à la place de cette animalerie (bien sûr, elle ne se souvenait pas de ce que c’était) donc cette dernière venait sûrement d’ouvrir. Depuis combien de temps ? Elle ne le savait pas et s’en fichait mais les clients ne tarderaient sûrement pas à venir : la déco avait l’air bien.
La duchesse, habillée d’une robe pour l’évènement d’il y a quelques minutes ou heures, entra non sans mal dans le magasin, ne faisant pas attention à la clochette qui avait sonné quand elle avait ouvert la porte.
Ne disant ni bonjour ni son nom, elle regarda autour d’elle. La déco était vraiment bien mais elle convenait plus à des personnes ayant la joie de vivre qu’à des personnes égoïstes et vite ennuyées comme Alexaria.
La jeune fille, après avoir fait rapidement le tour de la pièce, arrêta son regard sur l’homme d’environ vingt-cinq ans derrière le bureau et sur la femme au chat.

« Bonjour. »

Finit-elle enfin par dire.
C’était donc une animalerie… Elle allait devoir y aller avec Eleanor. Peut-être cet homme arrivera-t-il à la dresser ? Alexaria le paiera pour qu’il lui fasse une petite toilette aussi.
A cette pensée, la jeune duchesse ne put s’empêcher de sourire, le regard sadique et joueur.
Elle allait attendre son imbécile de servante inutile ayant toujours raison ici et s’amusera avec elle.
La jeune Lionphontivus alla s’asseoir sur les chaises des clients et, toujours le sourire aux lèvres, attendit.
Eleanor allait regretter de lui avoir mis de force une robe aujourd’hui.

La jeune noble posa un regard froid et ennuyé au vétérinaire quand celui-ci lui parla. Pourquoi cela, vous demanderiez-vous. Après tout, la politesse était quelque chose que tout le monde devait avoir. Mais il fallait pardonner à la jeune duchesse : cela faisait environ une minute et vingt-six secondes qu’elle attendait son imbécile de servante inutile ayant toujours raison. Et ce laps de temps correspondait à cinq ou six heures pour l’enfant qu’était Alexaria Lionphontivus. Autant dire que cette dernière était la fille la plus patiente du monde… Dans tous les cas, c’était à cause de cette minute et de ces vingt-six secondes que la charmante petite fille était énervée et boudait sur sa chaise confortable. Confortable… ? Ce n’était qu’une vulgaire chaise pour pauvre pour celle qu’elle était en ce moment. Que ne fallait-il pas faire pour lui faire plaisir… ?
Mais bon une enfant reste une enfant et maintenant qu’elle était dans cette animalerie où il y avait certes des gens qu’elle ne connaissait pas et qu’elle ne voudra jamais connaître, elle allait y rester.
Ne répondant pas au pauvre homme lui ayant posé une question, la jeune fille fixa le chat malade. Les chats… Alexaria aimait bien ces petites bêtes mignonnes et solitaires… Le seul problème, c’était qu’elle les faisait toutes fuir. Elle n’avait pas pourtant une tête à faire peur et elle ne faisait pas des gestes brusques et violents alors… Elle détourna son regard et le reporta une fois de plus sur le vétérinaire.

« C’est quand que tu arrives toi…? »

Se dit-elle, regardant encore plus méchamment le pauvre homme qui ne lui avait rien fait du tout.
Pensant que ce dernier avait tous les droits et pouvait la mettre dehors, elle se reprit, tourna la tête de sorte à ce qu’elle ne voit plus les deux personnes présentes dans ce lieu et laissa s’échapper un petit « tss ».
La jeune duchesse se demanda si Eleanor ne s’était pas elle aussi perdue. Ce qui était une question vraiment très bête… On parlait d’Eleanor, là. Elle changea donc sa question par : « pourquoi les chats me fuient ? ». Après tout, elle ne leur avait jamais rien fait ! Pourquoi se comportaient-ils comme cela avec elle… Elle avait presque envie de demander au vétérinaire s’il existait des cas pareils ou si c’était fréquent. Mais elle ne le fit pas.
C’est alors, les bras croisés, les dents serrés et avec une tête de gamine étant en train de bouder que la grande duchesse Alexaria Lionphontivus continua à patienter, ne faisant plus attention aux personnes et surtout à l’animal à quelques pas d’elle.

« Bonjour, qu’est-ce que tu es venue faire ici ? Seule, qui plus est… Tu as réussi à semer tes parents ou ton majordome ? »

Alexaria tourna la tête vers la jeune femme, posa sur elle son regard froid mais ne répondit rien.
Comment osait-elle ? Elle l’avait tutoyé, elle avait même été jusqu’à s’accroupir et lui avait parlé comme les adultes parlent aux jeunes enfants. La jeune duchesse avait presque l’impression de se faire passer pour une pauvre gamine ayant fait tomber sa glace par terre, tellement traumatisée par cette glace qu’elle n’osait plus bouger.
Qu’avaient-ils tous à venir l’embêter et lui dire des choses inintéressantes, ennuyeuses et inutiles ? Non, le vétérinaire ne pouvait rien faire pour elle et, selon elle, ne servait à rien. Oui elle avait échappé à Eleanor, pas à ses « parents ». Et c’était même à cause ou pour cela qu’elle attendait comme une imbécile dans cette nouvelle animalerie avec un chat malade à qui elle faisait peur et deux personnes, un homme et une femme. L’un ne semblait pas vraiment s’inquiéter pour l’animal, l’autre osait la tutoyer et la traiter comme une gamine.
Regardant froidement et méchamment, surtout, les trois personnes dont l’une n’en était pas vraiment une, la dernière Lionphontivus décroisa les bras lentement et, se levant, les mit sur ses hanches.

« Savez-vous qui je suis ? »

Oui, la jeune duchesse aimait plutôt bien son nom et allait leur faire comprendre bientôt.
Posant son regard meurtrier sur la jeune femme qui s’inquiétait seulement pour elle, elle se demanda où était passé son amusement. Après tout, elle n’était entrée ici que pour faire… « Plaisir » à Eleanor, pas pour critiquer la décoration de l’endroit.
Soupirant, elle ignora la jeune femme accroupie, fit le tour de celle-ci et alla voir son mur. Croisant à nouveau les bras, elle se dit que, dans tous les cas, si elle faisait ce geste ou non, on la prendrait pour une pauvre gamine rebelle ayant réussi à fausser compagnie à ses paternels. La vérité était tout autre mais bon… Le dire serait comme humilier la jeune fille égoïste, cruelle se croyant juste et honnête.
D’ailleurs, c’était pour cela qu’elle n’allait pas ordonner à Eleanor de faire son entrée ici. Elle se ferait sans aucun doute une grande joie de l’humilier et la ferait passer pour beaucoup plus gamine qu’elle ne l’était. Il ne fallait pas oublier que la Grande Alexaria Lionphontivus, âgée de quinze ans, mesurant environ un mètre cinquante-trois, se prenait à ce jour pour une adulte responsable et mature. Tellement mature qu’elle avait pour intention et comme but du jour de faire avaler des croquettes pour chien ou chat à son imbécile de servante inutile ayant toujours raison, de la promener ou la « mener », comme elle se disait, avec une laisse dans la rue et de lui ordonner d’aboyer ou de miauler à chaque fois qu’une personne s’approchait de sa personne. Oui, la jeune duchesse était vraiment quelqu’un que l’on pouvait qualifier de « mature ».
Alors pourquoi, dans ce cas, ces idiots imbéciles, énervant, sans intérêt, bêtes la traiter comme cela et osaient la tutoyer ?!

« Dépêche-toi de venir. »

Ne put-elle s’empêcher de dire.