"Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane]
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Sujet: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Sam 28 Sep - 13:00
C'est un matin comme un autre. Les deux jeunes filles sortent de l'appartement, prêtes à aller au marché avec l'argent que leur père violent leur a donné. Aussitôt sorties dans la rue, les deux chats - un blanc et un noir - qui attendaient comme à leur habitude la jeune Calista, vinrent à leur rencontre.
-Ne me dis pas que ces chats t'attendent tous les matins ?
-Ils sont mignons n'est-ce pas ? Lui c'est Angelo et lui c'est Demone...allez, les chats on va au marché. Et pas de bêtises s'il vous plaît ! Chapardez pas quelque chose !
-Tu sais ce que papa pourrait faire à ces deux bestioles si jamais il apprend que tu t'entends bien avec eux ?
-Tu lui diras rien, j'ai confiance en toi Elyon !
Calista commença à courir, les deux chats la suivant en courant avec leurs petites pattes, habitués à suivre leur maîtresse ainsi. Sa soeur soupira et finit par les rattraper, ses yeux vairons - un bleu et un rouge - brillant de joie de pouvoir enfin sortir de l'appartement, puisque d'ordinaire elle passait son temps à faire le ménage dedans.
Les deux jeunes filles courraient, souriantes, presque insouciantes. Du moins pour Calista en tous cas. Puis elles passèrent devant les devantures de boutiques, s'arrêtant pour observer ce qu'il y avait dans les vitrines, de temps à autre. Puis le regard de la plus jeune se posa sur une vieille façade, et comme attirée, elle s'apprêta à y entrer.
Qu'est-ce que tu fais ? On n'a plus le temps ! Faut qu'on aille au marché maintenant ! dit l'aînée en lui attrapant le bras.
Sa jeune soeur ne lui répondit pas, se contentant d'ouvrir la porte et d'entrer, les deux chats la suivant. Elyon soupira et entra elle aussi. La première chose que l'aînée remarqua, ce fut le regard émerveillé de sa jeune soeur devant les bibliothèques remplies de livres. Elle-même ouvrit la bouche devant tant d'ouvrages. Calista s'était sentie attirée dedans, elle ne saurait dire pourquoi, ne saurait expliquer. Des livres, il y en avait tellement qu'elle ne savait même pas où poser exactement son regard. En fait, les livres, elle adorait cela. Lire. Ecrire. Comme son père. A part qu'ils étaient deux opposés. Lui, violent et brutal, machiste et insupportable. Elle, douce et candide, gentille et honnête.
-Bon, on sort maintenant...
-S'il te plaît, laisse-moi un peu regarder. Tu sais que j'aime bien les livres !
-La lecture, c'est pas fait pour les filles, tu le sais très bien ! Papa ne cesse de le répéter, allons nous-en ! S'il nous voit, il va encore te battre !
-Alors pourquoi il nous a appris à lire ?
-Seulement pour qu'on puisse lire les listes de course. Maintenant on s'en va ! Je te le répète, on est que des filles, on est pas censées être dans un endroit pareil où seuls les hommes y ont accès parce qu'ils sont plus intelligents que nous !
-C'est pas ce que dirait le gentil fossoyeur...
-On s'en fiche de lui !
Les deux filles n'haussaient pas le ton, mais on pouvait les entendre aisément. Elyon attrapa le bras de sa soeur pour la forcer à quitter la librairie avec elle. Elle ne voulait pas y rester, mais Calista se sentait attirée par autant d'ouvrages. L'aînée se demandait bien comment sa soeur avait bien pu discuter avec ce fossoyeur de la dernière fois, sans en avoir peur. Un mystère qu'elle éclaircirait plus tard.
MacKayla Lane
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Sam 28 Sep - 16:55
Les présentations.
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Dim 29 Sep - 12:49
-Pardonnez mon impolitesse. Mais je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter votre conversation. Sans vouloir vous offenser, vous avez tout à fait le droit de lire. C’est un moyen de s’échapper de ce monde de rustres. Un moyen de s’enfuir dans le monde qu’est notre imagination. Je ne pense pas que les femmes ne soient pas aussi intelligentes que les hommes. Beaucoup d’auteurs sont des écrivaines. J’ignore qui vous a mis cette idée en tête, mais cela est faux.
La jeune femme était sortie de nulle part - du point de vue des deux sœurs - ce qui eut pour effet de les faire sursauter en entendant sa voix. Surtout la plus jeune - Calista - qui était très fragile, aussi bien physiquement qu'émotionnellement. Mieux valait ne pas trop la brusquer ou la surprendre; un jour elle finira par faire une crise cardiaque...
Bref...
Récapitulons.
Une jeune femme venait d'arriver et avait entendue leur conversation et s'en était donc mêlée. Bien lui en prit d'ailleurs, mais on verra cela après. Cette même jeune femme avait donc donné son avis sur la question, confortant l'idée de la plus jeune soeur. Idée comme quoi la femme n'avait pas à être forcément soumise à l'homme et était tout aussi intelligente que lui; leur seule différence, l'anatomie et la morphologie. Au fond, ce n'étaient que des êtres humains, alors à quoi bon dire que l'homme était supérieur à la femme ? Ils étaient dans le même bateau - ou plutôt "dans le même tombeau" pour reprendre l'expression de Calista; et ne me demandez pas pourquoi un tombeau, je ne suis qu'une narratrice pas le personnage.
Bref...
Pour en revenir à ce qu'avait dit l'aimable jeune femme, lire était un moyen de s'affranchir du monde réel, de s'évader - et j'ajouterai ceci: et ce, sans bouger de son fauteuil, n'est-ce pas magnifique de lier lecture et imagination ? Bien sûr, on se fiche de l'avis d'une narratrice, alors je vais me contenter de relater les sentiments et l'histoire de Calista et d'Elyon, on va s'en contenter...
Les deux jeunes filles - Calista a dix-sept années et sa soeur en a vingt - avaient sursauté en entendant la voix de la jeune libraire qui avait donné son avis sur la question. Elles restèrent muettes, la regardant, l'écoutant. Cette dernière finit par se présenter.
-Oh, suis-je sotte !J’allais oublier. Je me présente ; MacKayla Lane. Cette librairie m’appartient. Ainsi était-ce elle la propriétaire des lieux ? Elyon en parut surprise, ce qui se lut dans ses yeux et à son expression faciale. Sa jeune soeur, elle, n'en parut pas du tout surprise, pour elle tout lui semblait normal. Calista sourit. Ses yeux vairons pétillaient de bonne humeur et de joie. -Bonjour mademoiselle, je m'appelle Calista Moon, et voici ma soeur aînée Elyon. La soeur aînée acquiesça, faisant un bref signe de tête, tandis que sa jeune soeur s'approchait de la libraire pour lui serrer la main avec douceur; puisqu'était ainsi le caractère de la jeune fille aux yeux rubis et émeraude. Elle avait toujours peur de faire mal à quelqu'un par inadvertance - ce qui était loin d'être le cas, au vu de sa fragilité physique et sa très fine ossature qui la faisait mince et élégante aux yeux des gens. -Et eux, ce sont mes amis. Le blanc aux yeux bleus s'appelle Angelo et le noir aux yeux dorés s'appelle Demone. La jeune fille s'était penchée pour caresser la tête du noir qui semblait faire la tête constamment, tandis que le blanc s'était dirigé vers la libraire, s'asseyant en face d'elle en miaulant joyeusement pour lui quémander quelques caresses, et pourquoi pas quelques câlins. Angelo et Demone. Ange et Démon. En italien. Deux chats physiquement et mentalement opposés qui ne pouvaient pas se passer l'un de l'autre. Et encore moins de leur douce maîtresse qui tentait tant bien que mal de dissimuler leur existence à son père brutal, les nourrissant et les chérissant en allant jusqu'à négliger parfois sa propre santé fragile de jeune fille de dix-sept ans. L'aînée ne disant toujours rien, la plus jeune continua. -J'aime bien votre librairie, elle est jolie. Et elle est grande. Et il y a tellement de livres ! -...bon, je reviendrai te chercher plus tard alors, je vais aller au marché toute seule. Les courses ne vont pas se faire seules et papa risque de s'impatienter. Je lui dirai rien, d'accord ? Je suis désolée mademoiselle Lane. Vous avez l'air d'être quelqu'un d'aimable et de gentille, mais je ne peux pas rester longtemps. Au revoir ! Elyon s'inclina et sortit précipitamment, laissant sa candide jeune soeur dans la librairie. -C'est notre papa...Il veut pas comprendre. Il veut pas nous aider. Il sait rien de ce qu'on endure. Il veut juste son repas et dépense le peu qu'on peut gagner dans l'alcool. Et puis des filles. Calista baissa la tête, soudainement triste. -Maman, quand je vais la voir, elle entend, mais elle ne voit pas. J'ose pas lui dire ce que fait papa... Si vous vous demandez, vous, derrière votre écran, pourquoi elle commence à parler de cela, c'est parce qu'elle ne sait jamais à qui se confier et pense pouvoir se confier à cette libraire, qui a l'air d'être quelqu'un de bien - selon le point de vue Calista - et qui pourrait éventuellement la comprendre. Et puis...il faut bien meubler le post, non ?...bon d'accord, oubliez ce que je viens de dire, c'est l'heure de la digestion, la narratrice que je suis divague...
MacKayla Lane
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Dim 29 Sep - 16:22
Nouvelle protégée.
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Dim 29 Sep - 20:42
« Je vois ce que vous endurez. Ce n’est pas facile. Mais la vie est faite ainsi. Sache juste que vous pouvez venir quand vous le voulez dans ma librairie. Vous êtes la bienvenue. Et si jamais votre père vous demande ce que vous avez fait pendant tout ce temps, vous n’avez qu’à dire qu’il y avait beaucoup de monde au marché. »
Calista acquiesça aussitôt. C'est ce qu'elle avait l'intention de faire. Ou... En fait elle savait dissimuler la vérité mais ne savait pas mentir. Elle se tairait et sa soeur prendrait le relais. Elle avait confiance en elle. La jeune fille sourit aux propos de la jeune libraire. Elle était gentille et compréhensive. C'était si rare ! « Choisissez n’importe quel livre. Je vous l’offre. Vous n’avez qu’à faire un double fond dans votre panier de course. Ainsi, votre père ne verra que les courses. Et vous, vous pourrez retirer le double fond pour en tirer votre livre. Ensuite, vous pourriez le cacher sous lit. »
La jeune fille ouvrit de grands yeux ronds comme des soucoupes. Tout comme les deux chats, comme s'ils avaient compris. Les deux félins se postèrent près de leur maîtresse, de part et d'autre d'elle, fixant avec surprise la libraire.
-...mais...je...je ne puis accepter...
Elle rougissait, gênée. Depuis quand lui offrait-on un livre ?...ah oui...jamais. A part là. Les deux félins sortirent de leur stupeur, et se dirigèrent vers les étagères, regardant les tranches des livres, comme s'ils en cherchaient un. LE livre que Calista prendrait.
-...vous...vous êtes sûre ?
Angelo s'arrêta devant une étagère et Demone se mit à miauler. Ils se contentèrent d'aller voir Calista et de montrer, du bout du museau, l'étagère en question. Ils savaient que la jeune fille voulait se renseigner sur ce qu'il y a après la mort - même si elle ne savait pas ce qu'était la mort en fait - juste pour savoir dans quel monde sa mère vivait désormais. Si monde il y avait par la suite. Elle ne savait pas ce qu'étaient les shinigamis, elle n'en avait jamais entendu parler. Eux, ils voulaient lui trouver un livre en rapport avec eux, qui parlait d'eux. Bien sûr, vous me direz que des chats, pour trouver un bouquin, c'est pas ce qu'il y a de mieux. Détrompez-vous. Ces chats sont spéciaux. Ils connaissent leur maîtresse par coeur, ils sont ses amis et même plus encore. Presque des anges gardiens. Evidemment, ils n'ont rien de magique - faudrait pas exagérer non plus - mais ils sont spéciaux parce qu'ils semblent être en parfaite harmonie avec Calista.
Cette dernière n'osait pas s'approcher de l'étagère. Pas peur peur - je sais qu'elle est émotionnellement fragile, m'enfin tout de même ! - mais par gêne. Elle n'avait pas l'habitude. Mais alors vraiment pas. En fait...les seules personnes à lui avoir offert quelque chose étaient sa tante, Undertaker - un bonbon, mais pas que cela - et...la jeune libraire. Peu de monde en vérité, dans toute sa vie. Undertaker. Oui, elle se souviendrait de lui. Toujours. Un bonbon, mais pas que. Bien plus que cela. De l'espoir et du réconfort. Jamais elle n'oublierait ce visage, ce regard. Ce sourire. Ce rire. Jamais elle n'oublierait cet homme, ni cette journée.
Oh ! Undertaker, je t'aime ! Oui, à présent je peux le dire ! Je peux l'affirmer ! Je t'aime ! Mon amour, mon adoration pour toi est si fort...je ne veux pas te perdre...Merci, merci d'avoir été là cette matinée-ci...Jamais je n'oublierai...Je n'oserai jamais te le dire en face, tout ceci n'est que dans ma tête, dans mes pensées, dans mon coeur...dans mon âme. Je...t'aime.
Calista savait déjà où cacher le livre. Peut-être accepterait-il après tout ? Si jamais elle le revoyait... Elle savait maintenant où le trouver.
-Vous êtes gentille mademoiselle...cela change beaucoup de papa. Lui, il me giflerait s'il était là...Maman est partie dans un autre monde l'hiver dernier. Un monde où on y va par l'âme et le corps reste sur place. Vous avez un livre là-dessus ? Maman a dit qu'elle partait vers un monde meilleur...mais moi je sais pas à quoi il ressemble. Vous savez à quoi il ressemble, vous ? demanda t-elle innocemment, personne ne lui ayant jamais expliqué la brutalité de la vérité, la vérité comme quoi ce monde était la mort et qu'il n'y avait plus rien à faire ni à espérer...
MacKayla Lane
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Lun 30 Sep - 19:51
Une vérité.
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Mar 1 Oct - 18:06
« Vois-tu, il y a la naissance. Un enfant né d’une mère et d’un père. Ce dernier grandit. Il vieillit à son rythme. Parfois, il trouve un compagnon, ou une compagne dont il tombe amoureux, et vit avec elle jusqu’à la mort. »
La libraire s'était postée devant Calista et avait commencé doucement à lui parler, faisant une introduction à une vérité plus...comment dire ?...plus...cruelle ? Plus...triste ? Hum...là j'avoue manquer un peu de vocabulaire... Mais, d'une certaine manière, c'est vrai. Vérité cruelle. Sa mère est morte et elle ne reviendrait jamais, qu'importe ce que l'a pu lui dire, qu'importe ce que sa mère avait pu dire l'hiver dernier sur son lit de mort pour rassurer sa fille qui pleurait et ne voulait pas s'arrêter de pleurer - une vraie fontaine d'eau salée. La jeune fille écoutait donc, intriguée. Les deux chats aussi. « Personne ne sait ce qu’il y a après la mort. Tous ces livres que tu vois sont des légendes. Ils racontent l’histoire des shinigamis, des démons, ou des anges. Il y a tant de races différentes qui ont survécu, on va dire, à la mort. Ta mère est parmi ceux qui ne reviennent pas. Mais certaines légendes disent que son âme errent, et te protège. Quand on perd un être cher, il est toujours là. Avec nous. »
Calista de tout le discours, pour le moment, releva en premier une phrase: "Ta mère est parmi ceux qui ne reviennent pas." La jeune fille sentit les larmes monter. C'était plus fort qu'elle. Candide et effroyablement sensible. Bon...après si vous avez l'amabilité de tenir en compte son éducation à cette pauvre demoiselle innocente... La pauvre n'était même pas au courant de ce qu'était réellement la mort, elle n'en savait que le strict minimum; ce que l'on racontait aux enfants pour les rassurer et pour qu'ils ne soient pas tristes. Un conte de fées auquel ils croyaient pour apprendre tout seul ou par un pu hasard ou par leurs parents ou un proche ce que c'était vraiment que cette chose; la mort. Alors ils savaient par la suite. Mais elle...jamais. Personne ne lui avait jamais rien dit, ou alors laissé supposer seulement, mais jamais elle n'avait compris jusqu'à maintenant. Les larmes étaient montées mais elle ne pleurait pas. Pas encore. Mais cela se voyait, qu'elle était sur le point d'avoir une crise de larmes. Déjà elle avait les soubresauts d'une fille fragile qui allait pleurer.
« L’entends-tu battre ? C’est le signe de la vie. Tous ceux qui ne sont plus et qui t’ont été cher sont à tes côtés, et sont heureux de te voir sourire, et vivre. »
Et les larmes coulèrent. Calista porta ses mains à ses yeux, tellement gênée, tellement triste...tellement...tellement... Elle s'effondra à genoux sur le sol de la librairie. Sa mère était morte et elle ne reviendrait jamais. Et elle l'écoutait encore moins quand elle lui parlait sur sa tombe. Même si sa mère était dans son coeur, qu'elle pouvait peut-être veiller sur elle, de là où elle était, sa mère ne pouvait absolument rien faire. C'était fini. Le néant. Rien. Plus rien. Juste des larmes.
Angelo miaula de surprise avant de se blottir contre sa maîtresse en miaulant pour qu'elle le regarde et qu'elle caresse. S'il avait été un humain, Angelo l'aurait pris dans ses bras et l'aurait réconforté comme il aurait pu. Il lui aurait chuchoté au creux de l'oreille que tout allait bien, que tout irait bien parce qu'il était là, que ce n'est pas bien grave. Sa mère était morte, mais qu'un jour elle la retrouverait, après une vie bien remplie. La mort ce n'était pas si grave, c'était triste mais on retrouvait toujours nos proches disparus sur l'autre rive, un jour ou l'autre. Et puis Demone regarda la libraire d'un air blasé, en miaulant, semblant dire "Bien essayé" d'un ton cynique. Du moins s'il avait été humain, c'est ce qui serait probablement sorti de sa bouche. Seulement voilà. Ce n'étaient que des chats. Et des chats ne parlent pas.
Et les larmes coulaient toujours. Sincèrement, vous connaissez son caractère à cette pauvre petiote. Qu'auriez-vous imaginé qu'elle fasse autrement ? Elle pleurait. Comme la dernière fois au cimetière, où elle aurait bien voulu se blottir dans les bras du gentil fossoyeur - si attirant à ses yeux - mais qu'elle n'osait pas. Cela ne se faisait pas. Absolument pas. Comme avouer ouvertement qu'elle l'aimait. Et les deux chats se blottirent tous les deux contre elle, tentant tant bien que mal de faire cesser l'inondation de la librairie à venir et la déshydratation de leur amie, miaulant doucement et se blottissant contre elle. L'un qui miaulait doucement, comme pour dire "Arrête de pleurer, cela n'en vaut pas la peine, on est là, fais-nous plutôt des câlins !' et l'autre qui miaulait un peu plus fort, comme pour dire "Arrête de pleurer ou je te griffe !". D'ailleurs ce dernier faillit le faire, et la jeune fille s'arrêta un instant de pleurer, regardant son ami dans les yeux avant d'acquiescer.
-Tu as raison Demone. De toute façon, si je pleure et que cela se voit, en rentrant, papa va encore être en colère et me battre.
Demone semblait lui aussi hocher la tête comme pour dire "Eh bien tu vois quand tu veux !" avant de miauler et de recevoir une caresse sur la tête. Angelo miaulait alors, l'air suppliant pour avoir lui aussi quelques caresses, semblait crier "Mais moi aussi je veux que tu me caresses !", auquel la jeune fille répondit par un câlin qui calma aussitôt le chat blanc. Elle essuya ses larmes d'une manche et releva une grosse mèche de cheveux pour la placer derrière son oreille, oubliant par le même temps pourquoi il y avait cette mèche à cet endroit de son visage. Un hématome était présent sur son visage, entre la tempe et la joue, que la grosse mèche châtaine claire dissimulait il y a quelques instants à la jeune libraire. Un hématome qui n'avait pu être causé que par un coup violent porté à cet endroit par un coup de poing. D'homme certainement au vu de la grosseur de l'hématome, et l'impact dû être important tellement la blessure pouvait être visible même de loin. Et il n'y a pas trente-six hommes dans l'entourage de la jeune fille qui aurait pu faire cela. Il n'y avait bel et bien que son père pour faire une chose pareille à une fragile jeune fille comme elle.
MacKayla Lane
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Jeu 3 Oct - 15:30
Des larmes.
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Sam 5 Oct - 17:36
La libraire venait de faire un pas en arrière, les yeux écarquillés. Avait-elle deviné qui était le responsable, celui qui avait laissé une trace de sa brutalité sur le visage de sa fille ? Bien sûr que oui. C'était très facilement devinable. N'importe qui ayant un peu de jugeote l'aurait deviné. Mais l'on dirait que cela surprend la jeune libraire. Pourtant c'est bien ainsi, le quotidien des deux sœurs Moon. Et encore, vous n'avez pas vu toute l'étendue de la violence du père, et croyez-moi, ce n'est que le calme avant la tempête, vous n'avez encore rien vu. Mais laissons cela de côté un instant pour ne s'occuper que du présent. La jeune femme semblait bouillonner de rage, comme révoltée par la situation. A raison. Qui ne serait pas révolté par tant de violence sur une enfant aussi candide ? Qui ? Une personne sans coeur probablement.
« Pourquoi vous laissez-vous faire .. ? Pourquoi ne fuyez-vous pas ? Pourquoi restez-vous auprès de lui ? Il y a tant d’endroits où vous pourriez trouver refuge ! »
Elle avait demandé cela doucement, tentant de garder son calme sûrement. A raison, toujours; il ne faut pas brusquer la petite. Elle prendrait peur. Et la peur la paralysait ou la faisait fuir. Fuir aussi bien physiquement que psychologiquement.
Quelque chose parut couler sur la joue de la jeune femme, comme une larme. Elle semblait en colère car elle ne savait pas quoi faire pour l'aider, aider l'enfant. En effet, c'était une situation désespérée qu'elle avait sous les yeux. Qui pourrait bien les aider, sa soeur et elle ? Personne. Il n'y avait rien à faire. Juste à espérer et attendre.
Calista releva la tête vers la libraire, pour lui répondre, tout aussi innocemment que d'habitude. Parce qu'elle pensait que c'était cela la réponse à apporter. Pauvre enfant naïve.
-...c'est normal qu'un homme se montre violent quand une femme se montre inefficace, non ? Ce matin j'ai oublié son petit-déjeuner...Et puis...fuir où ? Je sais où aller, mais je ne peux pas abandonner ma soeur, cela ne se fait pas...Et notre tante habite trop loin, on ne peut pas traverser la Manche pour la rejoindre à Paris ! On peut même pas lui écrire...
Elle rebaissa la tête. Elle repensa à chère tante Melinda. Douce tante Melinda. Si gentille, si souriante, tout comme sa soeur. Mariée à un riche bourgeois, ils sont partis s'installer à Paris, et de temps en temps, quelques nouvelles seulement. Et puis quelques cadeaux. Des robes de dentelles et de rubans, quelques toilettes. Mais jamais elles ne pouvaient les mettre pour faire les élégantes; leur père n'appréciait pas qu'elles sortent, d'ailleurs elles ne sortaient jamais à part pour faire les courses. Et Calista, seule, sortait tous les jours pour aller voir sa mère; et accessoirement pour tenter de le voir, lui. Son fossoyeur aux longs cheveux d'argent. Cet homme si attachant, si attirant.
Vous me manquez monsieur Undertaker. Je vous aime monsieur Undertaker...
Sa douce tante Melinda, semblable à sa chère mère défunte, aurait bien aimé prendre soin des deux jeunes filles, bien qu'elle ignorait tous des mauvais traitements. Si seulement elle savait, elle les prendrait sous son aile, qu'importe ce que dirait son mari. Ce dernier, serait d'ailleurs, en accord avec sa femme. Il est hors de question de violenter de pauvres jeunes filles innocentes comme ses nièces. Melinda. Imaginez-vous une jeune femme au teint rosé et de courtes boucles brunes encadrant un visage fin, éclairé par un doux sourire serein et bienveillant, deux saphirs en guise d'yeux. C'est une femme de petite taille mais fine, on croirait comme Calista, que ses os se briseraient facilement au moindre choc. Une femme ne s'habillant que de couleurs vives, et toujours riant d'un rire cristallin. Mais d'elle, nous en reparlerons plus tard, là n'est pas le sujet.
Où fuir avec sa soeur ? Elyon avait peur du cimetière et du fossoyeur, son rire lui faisant froid dans le dos et elle s'était jamais sentie à l'aise dans les cimetières, ni dans n'importe quel endroit où peu de personnes passaient. Et ce pour une bonne raison qui vous sera expliqué en un RP ultérieur. Ou plus tard sur le même; no spoilers. Où se rendre alors qu'elles ne connaissent personne de suffisamment amical et bien intentionné envers elles ? Calista serait bien allé chez ce vieux voisin qui avait si gentil avec elle quand elle était petite, mais sa soeur lui a depuis quelques mois déjà, défendue d'aller le voir; surtout si elle était toute seule. Et sa soeur avait ses raisons.
Calista serra quelque chose dans une poche. Une bague. Elle s'en souviendrait toujours. Cette bague offerte par Undertaker. Elle aurait voulu la mettre, mais sa soeur lui a conseillé de la cacher dans une poche et de la redonner au fossoyeur dès qu'elle le reverrait, juste pour mettre en sécurité cet objet de valeur. Elyon avait certes peur du fossoyeur, comme de n'importe quel homme en vérité, mais elle avait surtout très peur de son père. Qui sait ce qu'il aurait pu arriver à Calista si leur paternel avait su pour la bague ? Surtout qu'elle était en argent. "Cogito ergo sum" était gravé dedans. La bague lui porterait chance que si elle se trouvait loin d'elle, juste le temps que les choses s'apaisent...
La porte de la librairie s'ouvrit. C'était la grande soeur qui était revenue, avec son panier plein.
-Excusez-moi, je viens rechercher ma soeur, il faut que l'on rentre. Ou qu'au moins l'une de nous deux rentre.
MacKayla Lane
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Lun 21 Oct - 14:06
Un choix.
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Sujet: Re: "Et si on allait voir dans cette librairie ?" [MacKayla Lane] Dim 15 Déc - 16:56
« J’ai une chambre de libre à l’étage si vous le souhaitez. Quant à votre tante, je peux lui écrire. Votre père n’en saura jamais rien. Et vous ne fuirez pas. Je peux vous donner un travail dans ma librairie. J'ai toujours besoin de bras. Vous serez payées, logées et nourries. Et ici, vous n’avez rien à craindre. »
Elyon et Calista levèrent la tête vers MacKayla, ainsi que les deux chats. Que disait-elle ?! Un travail, payées, logées, nourries ? Rien à craindre, pas même leur père ? Si dans les yeux de Calista brillait une vague lueur d'espoir, celle qui brillait tantôt dans les yeux de sa soeur aînée à l'annonce de la jeune libraire disparut tout aussitôt. Qu'espérer de plus ? Elyon était totalement désillusionnée quant à ce qui se passait dans ce monde, tout autour d'elle. Il n'y avait plus rien à espérer, c'était trop tard. Si jamais l'une ne rentrait pas sans l'autre, c'en était fini. Elles ne pouvaient pas rester, bien que ce n'était pas l'envie qui leur manquait.
« Et si vous restez, vous pourrez lire autant que vous le souhaitez. Mais si vous ne le voulez pas, prenez un de mes livres quand même. Et revenez tant que vous le voulez. »
Elyon eut l'air désolé.
-Nous reviendrons certainement, merci beaucoup...mais nous ne pouvons pas rester, ni emprunter un de vos livres; où pourrions-nous le cacher de toute façon ? Nous habitons dans un si petit appartement que nous ne pouvons rien cacher car notre père finit toujours par tout découvrir et nous battre jusqu'au sang pour nous punir...
-Mais c'est normal, non ? Il a toujours fait cela...
L'aînée prit sa petite soeur par le bras, lui répondant par la négative en secouant la tête. Pauvre petite enfant innocente qui ne sait rien de la vie, absolument rien. Toujours ayant vécu sous les coups et les brimades, les insultes, jamais de bonheur, seulement de vagues espoirs, quelques rayons lumineux. Les deux chats avaient compris, eux. Ils se dirigèrent lentement vers la sortie, d'une démarche si lente qu'on aurait dit qu'ils ne voulaient pas quitter ces lieux rassurants. Les deux soeurs seraient bien restées, hélas ! Leur père les auraient retrouvées et tuées dans tous les cas... C'est le coeur lourd que les deux sœurs empruntèrent la sortie, saluant et remerciant une dernière fois MacKayla Lane, cette jeune et charmante libraire qu'elles n'oublieraient pas de sitôt. Calista lui sourit une dernière fois, Elyon lui jeta un dernier regard où brilla furtivement une lueur d'espoir mêlé à un regard triste et perdu. L'aînée ne s'en doutait pas, mais c'est la dernière fois qu'elle la verrait, la gentille jeune femme qui tenait la librairie.
****
Un matin gris où le soleil ne brillait pas, ses rayons ne transperçaient pas même les nuages. Il était juste absent et seuls un manteau gris de nuages couvraient le ciel, mais il ne pleuvait pas pour autant. Calista était fatiguée et son pas était lent. Angelo et Demone la suivait comme d'ordinaire, miaulant comme s'il lui demandait sans cesse si elle allait bien. La jeune fille était habillée tout en noir, et une sorte de voile quelque peu transparent recouvrait son visage et cachait des yeux rougis par les larmes. Oh, la discussion avec le fossoyeur lui avait fait du bien, mais elle n'oubliait pas sa soeur pour autant, ni sa mort tragique.
Elle poussa tout doucement la porte de la librairie, entrant d'un pas timide. L'hématome sur son visage avait disparu, comme si elle n'avait jamais rien eu. Les soins prodigués par le gentil fossoyeur avaient été miraculeux; ou alors c'est sa peau qui cicatrise vite, malgré la fragilité de son corps et de ses os.
-Mademoiselle MacKayla Lane ?
Le ton de sa voix trahissait sa tristesse et le fait qu'elle avait pleuré. Calista attendit que la libraire soit là pour lui annoncer. Elle avait le droit de savoir.
-C'est papa et Elyon. Ils...sont...
Les larmes se déversèrent et elle ne put stopper le flot d'eau salée qui s'écoulait de ses yeux. Elle n'avait pas fini sa phrase, mais on pouvait deviner ce qui s'était passé. Ils étaient morts et elle était seule. Et orpheline. Bien que pas si seule que cela compte tenu du fait que tante Melinda ne devrait pas tarder à arriver, et qu'elle vivait depuis chez le gentil fossoyeur...
MacKayla Lane
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