La lune était entièrement pleine. Les étoiles rayonnaient du mieux qu'elles pouvaient à travers les sombres nuages qui décoraient le ciel sombre et profond. La lumière de la nuit éclairait mal le cimetière où Naome venait de temps à autre pour honorer la mort des défunts depuis sa déchéance. Une fois encore, Naome était venue ici avec une fleur de lys pour chaque tombe. Elle n'avait plus peur du noir d'ailleurs depuis qu'elle fut banni du paradis. En effet, elle commençait plutôt à craindre la lumière divine, la plus lumineuse des lumières mais aussi la plus violente. Après avoir déposé toutes ses fleurs, pour la première fois, Naome se dirigea vers la mausolée déserte. Des rumeurs disaient qu'un fantôme y résidait et mangeait quiconque qui osait pénétrer dans cette demeure. C'était bien sur des simples rumeurs de villageois et Naome croyait rarement à ce genre d'histoires. Cependant elle y prêtait un minimum d'attention car elle devait reconnaitre qu'elle-même était un être surnaturel. La mausolée était noir, elle avait du mal à bien distingué les ombres et les formes de la mausolée en ruine. Elle sortit alors de sa poche une allumette qu'elle fit prendre feu.
Elle regardait un peu autour d'elle pour ne pas trébucher. Elle constatait avec angoisse que l'odeur âcre du sang se faisait de plus en plus sentir. Continuant cependant sa descente vers les ténèbres, avec pour sa seule lumière une vulgaire allumette qui éclairait piteusement quelques centimètres autour de l'ange, elle accéda à la porte d'entrée du sous-sol. Elle regarda la décoration autour : Des angelots. Des petits anges sous forme de bébés de un an, nus et aux cheveux d'or. Elle eut un sourire moqueur à cette vision, les humains ne savaient vraiment rien sur la vie des cieux.
Sans prévenir sa seule source de luminosité s'éteignit. Par surprise et par incompétence (elle l'admit) la domestique trébucha au sol et essaya de se rattraper en s'agrippant à un objet métallique (qui s'effondrât aussi avec un vacarme). Une fois les esprits retrouvés, Naome se releva tout en s'appuyant à ce qui semblait être, au toucher, à un tonneau.
Qui est là ?
Cette voix à la fois enfantine et sévère fit sursauter l'ange déchue dans l'obscurité. Dans son manche, elle était prête à sortir son poignard qu'elle transformerait en faux (légitime défense évidemment). La peur lui nouait cependant l'estomac, elle sentait un regard pesé sur elle. Pour se donner du courage, elle se mit à chanter avec sa voix cristalline en japonais une des chansons divines du paradis.
Aimo aimo neederu ruushe, noina miria enderu purodea fotomi....
Koko wa attaka na umi dayo
Ruurei rureia, sora o hibari wa namida.
Ruurei rureia, omae wa yasashi midori no ko...............
Elle redressa alors fièrement la tête, le cœur gonflé alors de courage.
Je suis Naome Shoke.