Another Contract

Anastasia regarda sa blessure, et les yeux de Sylas se posèrent aussi dessus. Elle semblait vraiment blessée profondément. Il ne pouvait s'empêcher de repenser à ce qu'il s'était passé dans les bois. Elle avait pris tant de risque pour le protéger, on peut dire qu'elle avait pour sûr accomplit sa tâche de protéger les civils avec brio, mais à quel prix ? Il prenait conscience que cette tâche était dangereuse. Voire en fait presque fatale. Que serait-elle devenue, si son assaillant avait été plus fort qu'elle ? Non… le vampire. Elle lui a sauvé la vie. Au dépend de la sienne. Il ne pourrait jamais assez la remercier pour cela. Il serait sans doute mort, si elle n'avait pas été là… ou pire, il serait devenu peut-être lui-même un vampire, qui sait ? Il ne connaissait pas le dessein de ses créatures pour lui …

" Je ne serais pas contre de soigner ma blessure... Non, je n'ai pas été blessée sur le toit... Du moins pas physiquement... "  Comme il s'en était douté. Cela devait – être encore très douloureux pour elle. Et en plus de ce qu'il s'était passé sur le toit. Et ce qu'elle y avait appris par une personne qu'elle connaissait pas. Cette personne était peut-être un vampire, elle aussi, d'ailleurs. Il n'en avait pas trop demandé plus. Une question pourtant lui vint : pourquoi avait-elle était sur ce toit ? Seulement parce qu'elle avait senti la présence de l'autre, où … elle l'avait suivi pour être certaine qu'il n'était plus en danger ? Comment une gamine comme elle pouvait vouer sa vie pour lui … même s'il était citoyen, il devait bien en avoir d'autre à protéger. Il ne voulait pas être privilégié… mais quelque part, il était touché.

Dans ses pensées, il était plus occupé à regarder et caresser Mina, avant de venir chercher la trousse de premier secours dans une armoire, pour l'aider dans les premiers soins. Normalement, ça aurait été plus à Eleanor de le faire, étant donné qu'elle était aussi infirmière, mais il la préférait bien loin en train de faire le thé, que de les écouter parler. C'est alors qu'il l'entendit poser une question. Et cette question, sonna comme un coup de tonnerre dans son cœur. Si fort qu'il en arrêta ce qu'il était de faire… " Est-ce votre fille sur la photo ?... Peut-être que cela ne me concerne pas du tout, mais vous m'aviez dit que votre femme, Eleanor et vous-même habitez ici... Avez-vous... Enfin... Perdue votre fille ?... Vous savez les disparitions se font de plus en plus courant à Londres, malheureusement... Si je peux vous êtres d'une quelconque aide, n'hésitez pas... Après tout c'est la règle numéro un : protégez les citoyens. À moins que je sois complètement à côté de la plaque, veuillez m'excuser si c'est déplacé ... "  

Le nécessaire dans ses mains, retourné vers elle, il ne pouvait que la regarder, les yeux légèrement plus écarquillés, ses mains tressaillant … c'était un sujet plus que sensible pour lui. Il n'en parlait jamais. A quiconque. Et pourtant, il avait effectivement laissé toutes les photos chez lui. Comme pour se persuader parfois que rien n'était arrivé, et que sa fille était encore là. Un déni certain, mais qui parfois faisait à la fois du bien, plus que du mal. Anastasia était assez intelligente pour savoir ce qui n'allait pas. Et faire tout le lien avec ceci. Bien qu'elle présentât son aide, cela était inutile.

" Elle doit être morte, à l'heure qu'il est. "  Cette phrase était aussi dure parce qu'il se l'imposait de le penser. C'était moins difficile de faire son deuil, que de se dire que sa fille unique, sa chaire et son sang, était quelque part en train de souffrir. Il préférait se dire qu'elle était maintenant en paix. " Ça fait cinq mois maintenant qu'on me l'a arraché, et je n'en connais pas la raison. Je n'espère plus rien … " Ce qui était quelque part faux. Il avait au moins toujours voulu savoir une chose : pourquoi ? Pourquoi elle ? Sa fillette si vivante et si innocente ? La seule qu'il avait toujours chéri et aimé, bien plus que sa propre femme ? Le soleil de sa vie, la seule pour laquelle il voudrait soulever tout un monde…

Il était encore tout bouleversé d'avoir avoué, et sa voix avait tremblé. Il n'avait d'autre choix que de se durcir, à nouveau, laissant la colère prendre le dessus sur ses sentiments de détresse pour ne pas paraître faible. Il fronça les sourcils, avant de serrer les poings sur les pansements et alcool, avant de s'approcher d'elle et de venir commencer à la soigner. " Si c'est aussi fréquent que vous le dites, alors il n'y a plus rien à faire. Je n'y peux rien, et vous non plus d'ailleurs. Je ne veux plus en parler. "

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"Je suis désolée... Je n'aurais pas dû vous en parler... " Elle baissa le regard pour le regarder la soigner, et serra un instant les dents, en réaction de la sensation de brûlure que pouvait procurer l'alcool sur sa plaie. Il savait bien qu'elle ne voulait pas de mal, en lui parlant de la disparition de sa fille, et en lui posant des questions sur le sujet. Mais il n'avait tellement pas l'habitude de parler de cet évènement profondément marquant pour lui, qu'il se refusait parfois même d'y penser, de peur de sombrer dans la folie. Une folie qui avait gagné sa femme d'ailleurs. A quoi cela l'avancerait-il d'être aussi malade qu'elle à présent ? S'il existait une infime chance que leur fille soit encore en vie ... alors les choses viendraient forcément à lui tôt ou tard. Il lui était arrivé au début de faire des recherches, et d'enquêter. Mais rien en ressorti. Alors, il avait abandonné. C'est vrai.

"Au début je voulais tout abandonnée pour trouver la personne qui a assassinée mère, c'est de ma faute si elle est morte, car je n'étais pas là, je n'étais pas avec elle lorsque ceci est arrivée, je m'en voulais terriblement... C'est pourquoi j'ai débuté à faire mes recherches pour trouver le responsable et quand j'ai découvert que mon propre père est responsable de sa mort, tout s'est écroulé à l'intérieur de moi, car la personne que je chasse est mon propre père... L'organisation m'a dit qu'il était mort durant un contrat, je voulais lui faire honneur en entrant à l'organisation, mais je découvre qu'il n'était pas totalement mort... " Devant la fermeture instantanée de Sylas vis à vis de sa famille, la seule réaction que Anastasia eut, c'était de se confier elle-même sur ce qu'elle avait découvert peu avant qu'il ne vienne à nouveau à sa rencontre. Il ne pouvait la blâmer, après tout, et si elle voulait lui en parler, alors il n'en ferait rien pour l'en dissuader. Il espéra même que cela pourrait lui faire le plus grand bien. Il ne fallait pas être médecin ou même aliéniste pour savoir que s'exprimer sur nos peurs et angoisses pouvait faire le plus grand bien à notre esprit. Une chose que sa femme n'avait malheureusement pu faire autrement que par le corps. Il essayait parfois de chasser les images de l'asile de sa mémoire. Mais c'était très compliqué.

Ainsi, elle avait appris que son père n'avait pas été tué, et qu'il était de surcroit le meurtrier de sa propre mère... en effet, il y avait de quoi être profondément choqué. Surtout si elle n'avait jamais eu l'ombre d'un doute sur sa culpabilité. Il était donc devenu un vampire? Mais ... comment l'organisation avait-elle pu lui faire croire qu'il était mort ? Sans doute exprès pour qu'elle ne cherche à le trouver. Un peu tard pour maintenant. Il comprenait mieux l'intrigue qui se jouait autour d'elle, même s'il n'en connaissait pas la totalité des éléments. Comme cela devait être horrible pour elle de se savoir presque ... manipulée. L'organisation s'est sans doute servi de sa souffrance pour faire d'elle une excellente chasseuse. Sylas pensa que ces gens avaient une drôle de conception des choses... Anastasia devait être plus jeune lorsqu'elle a rejoint leur ordre. Il était loin de savoir la souffrance qui était la sienne, lui aussi. Mais il avait une grande empathie pour elle à ce moment.

"Donc... J'espère que votre fille n'a pas trop souffert ou qu'elle n'a pas été transformé par une créature, je vous le souhaite, car je dois vous avouer que c'est douloureux d'apprendre que quelqu'un que vous aimez est une créature sortie tout droit d'une légende... " Sylas n'avait pas eu envie d'entendre ce genre de chose venant de sa part. Il était à mille lieux de comprendre ce que c'était, d'apprendre qu'un proche n'était plus un humain. Mais il était aussi contre l'idée que sa propre fille était dans ce cas. Il était persuadé que sa disparition n'était pas de ce genre. Pour lui, ce n'était qu'un banal et sordide kidnapping. Mais c'était bien différent d'être la même chose qu'elle. Non. Sa fille était toujours humaine. Il le fallait.

Anastasia montra des signes de stress et de nervosité alors qu'elle continuait son récit, et que lui commençait à panser sa blessure. Mina semblait avoir ressenti la détresse d'Anastasia, parce qu'elle se posa à ses pieds en frottant sa tête sur ses jambes. "Et le pire dans tout cela c'est que je n'ai rien pu faire sur le toit... Quelque chose me dit que cette femme est derrière tout ça. Je l'ai blessé, mais qui sait si elle ne va pas revenir avec des renforts ? Peut-être même père si elle le connait. Je ne sais pas si je serais en mesure de l'affronter, dans mon esprit je dis que oui, mais la réponse est peut-être non... J'aurais dû la laisser me lâcher du toit... J'aurais dû la laisser me tuer... Mais... J'en ai décidé autrement, peut-être ma vie vaut-elle être vécue tout de même... " Sylas venait de finir le bandage, alors qu'il venait de se relever. Il posa une main réconfortante, masculine et paternelle, sur son épaule.

"Je suis persuadé qu'elle le vaut, ne vous en faites pas pour cela. Votre mort serait vraiment regrettable. " C'était le seul réconfort qu'il pouvait lui procurer sur le sujet, car il pensait vraiment qu'elle ne méritait en aucun cas ce qu'il lui était arrivé. Personne d'ailleurs ne mériterait un tel traitement. "Vous devriez vous reposer un peu, prendre un peu de recul sur ce qu'il s'est passé et ... prendre le temps de faire le bon choix. Vous aurez bien le temps de savoir ce qu'il faut faire. " Elle ne devait pour le moment plus s'inquiéter pour le moment où elle se retrouverait surement face à son père. Si tout de fois cela devait arriver un jour. Il espéra cependant que cette femme mystérieuse ne connaissait rien de la venue d'Anastasia chez lui ... il ne sait pas vraiment ce qu'il se passerait si elle débarquait ici pour chercher la bagarre... ce serait terrible. Peut-être que pour ce soir, ils seraient plus tranquille.

Eleanor arriva dans la pièce avec le thé et quelques biscuits sur un plateau en même temps que Sylas était entrain de ranger le matériel de soin. La femme de chambre posa le plateau sur une table basse à côté du fauteuil de Anastasia, avant que son regard se pose sur son bandage. Elle releva les yeux pour regarder la jeune fille, son regard plutôt curieux et inquisiteur. Mais lorsque Sylas revint vers elles, elle fit mine de n'avoir rien regardé du tout, et quitta la pièce.

"Vous pouvez dormir ici ce soir, je pense que ce sera le mieux à faire, non ? Nous avons une chambre d'ami de libre" proposa-t-il, en venant lui verser une tasse de thé.

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Sylas s'était attendu à ce qu'elle refuse. Il l'avait proposé par politesse bien sûr, cela valait de soi, après tout ce qu'il s'était passé. Et puis, c'était tout à fait normal de proposer une telle chose. Elle était son invité et il se faisait un peu tard à présent. En réalité, le fait qu'elle fasse parti d'une organisation lui avait fait penser qu'elle dirait non. Du coup, un problème se posait à présent. Il n'avait pas même pensé à la possibilité de ce qu'il se passerait s'il elle acceptait. Pourtant, c'est bien ce qu'elle fit.

"Merci pour votre invitation, que je ne veux refuser… On dit que la nuit porte conseil, je crois que dormir me fera le plus grand bien … " fit-elle en caressant la tête de Mina. Elle prit ensuite une nouvelle gorgée de thé, et reposa sa tasse. Avant de se lever de son fauteuil, et de déjà se préparer en prenant manteau et fourreau.

"Désolée de vous fausser compagnie maintenant, mais je crains que la fatigue m'emporte peu à peu … Où se situe la chambre d'ami ? " Sylas fit tout pour dissimuler sa surprise, et vain hâtivement se relever lui aussi, venant rapidement prendre une décision. Il n'avait aucune chambre pour elle. Il avait menti. En tout, il n'y en avait trois. Celle de sa femme, la chambre du couple qu'il avait depuis longtemps déserté. Celle de sa fille, qu'il occupait lui-même depuis sa disparition. Et celle de Eleanor. Hors de question pour lui de faire coucher l'infirmière dehors. Une angoisse montait en lui. Il n'y avait qu'une solution : céder sa chambre. Celle de sa fille.

Il lui fit signe de la suivre. " Oui je comprends. C'est par là. " En lui tournant dos, il commença à se prendre les mains, jouant avec ses doigts, donnant aussi l'ordre verbale à sa chienne de rester dans cette pièce et ne pas les suivre. Obéissante, elle ne bougea pas du tout. Restant couchée près du feu, avec une étrange expression bienveillante dans ses yeux. Sylas les fit traverser un grand corridor avant de monter les escaliers pour monter à l'étage. Une fois là-haut, un autre couloir avec de nombreuses portes. Il s'avança vers la dernière, ne jetant pas même un regard à celle de la chambre de sa femme, avant de l'ouvrir. Il rentra le premier dans la pièce. Cette dernière avait tout de la chambre d'enfant. Plutôt celle d'une petite fille. Les jouets. Et surtout les peluches. Hormis le fait que le lit était de grande taille.

Sylas n'avait rien changé ici. Il n'avait rien déplacé comme si chaque recoin pouvait l'aider à se souvenir. De revivre des moments qu'il avait vécu avec elle. C'était idiot. Il en avait conscience. Mais c'était là son seul vice. D'être obséder par le passé et d'espérer un jour le revivre encore et encore éternellement.

L'homme brisé, se tourna vers son invité. " Ne touchez à rien par contre. S'il vous plait. " Ce n'était là ni un avertissement ni une mise en garde : presque de l'ordre de la supplique. Autant dire que l'homme était légèrement devenu maniaque en ce qui concernait cette pièce. Tout était à sa place. Et cela devait le rester.

" Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter la bonne nuit alors. Reposez-vous, prenez votre temps. " A peine eu-t-il fini cette phrase qu'un bruit leur parvint de la chambre d'à côté. Une voix, un cri échappé des lèvres de sa femme. Des pleurs comme jamais on pourrait en entendre. De la profonde tristesse mélangée à une douleur sans égale. Sylas écarquilla les yeux, alors qu'il entendit également Eleanor se précipiter. Il décida lui-même de fausser compagnie à Anastasia pour rejoindre sa moitié.

Il avait l'habitude de l'ignorer pendant ces crises. Mais Anastasia étant là, il ne pouvait pas faire comme s'il ne l'avait pas entendu. Ou même ne pas agir. Tout ce qu'il voulait, en l'espace d'un instant, c'était de la faire taire. Mais ça, c'était un autre tour de manche.

Une fois dans la chambre, avec l'infirmière, ils essayèrent déjà de la maintenir allongée. Son corps semblait se coordonner sur ses plaintes, ses muscles se contractant tour à tour. Elle sembler vouloir sortir de son lit. Et répétait sans cesse qu'elle voulait "la voir".

Sylas savait qu'elle parlait de sa fille. Et peut-être que dans un moment de lucidité elle avait bien cru comprendre que son mari était avec quelqu'un dans la chambre de sa fille … pourquoi pas sa fille elle-même du coup ? Mais il était impossible de raisonner une aliénée dans son état. Eleanor semblait comprendre elle aussi ce qu'il se passait … ils se regardèrent dans les yeux, pensant tous les deux à la même chose.

" C'est hors de question, vous m'entendez ! " Il était en effet hors de question qu'Anastasia s'approche de sa femme. Pour lui il était inconcevable qu'elle la rencontre, ou même ne la voit. Que ce soit pour protéger la jeune fille de cette vision, ou même sa femme d'une désillusion. Même si, comme le pensait Eleanor, sa présence pourrait apaiser momentanément cette crise.

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L'infirmière le regardait avec une expression d'amertume mêlée à de l'irritation. Elle n'avait pas l'air du tout d'accord avec la décision tranchée de Sylas. Elle l'avait même trouvé bien trop hâtive. Et elle savait néanmoins qu'elle n'aurait d'autre choix que de respecter ce que le maître de maison décidait de faire. Sylas soutenait toujours son regard, tenant du mieux qu'il pouvait les bras de sa femme pour qu'elle ne se blesse, pendant que Eleanor la soutenait aux épaules. Le silence qui retombait, et la discrétion dont faisait preuve Anastasia dans la pièce juxtaposée, aida étrangement à calmer la crise de Mrs Merryn. Bien que cela fût plutôt logique.

" Nous en reparlerons. " Sylas était devenu beaucoup plus menaçant envers l'infirmière, qui profita pour ne pas l'attaquer de front, et plutôt s'occuper de recoucher sa dame calmée. C'était la première fois qu'elle semblait vraiment commencer à se "révolter" contre ses indications et sa volonté. Oh, bien sûr, il n'était pas rare qu'elle vienne exprimer son opinion, et qu'ils se brouillent sur cela. Mais un instant, il avait cru qu'elle allait elle-même chercher Anastasia. Une chose qu'il n'aurait bien sûr pas supporté. Il laissa sa femme et Eleanor dans la chambre, venant rejoindre le couloir, profondément fatigué psychologiquement.

Il attendit un instant dans le couloir. Il regarda du côté de la chambre de sa fille, où se trouvait Anastasia. Il s'y approcha, s'arrêtant à la porte, qui pour le moment n'avait pas été refermée.

" Je suis désolé pour ce qu'il vient de se passer. Merci d'être restée ici. " Il éprouvait en effet une profonde gratitude envers elle, pour ne pas être venue voir ce qu'il se passait. Elle en avait sans doute éprouvée l'envie. Et elle avait sans doute entendu son expression pour le moins négative. Néanmoins, elle n'était pas venue. Ils étaient passé à deux doigts d'une conséquence bien plus horrible : comment tout ceci aurait-il fini, si en voyant Anastasia, elle aurait toujours cru voir sa petite fille ? Et si elle avait continué ... à croire qu'elle était bien là ? Sa folie n'en aurait pris qu'un grand coup de plus. Il ne fallait pas que cela arrive.

Sylas ne savait que rajouter de plus. Il en avait déjà assez dit, et il se sentait assez humilié comme cela auprès d'une invité. Chose qui n'était pas arrivé, parce qu'il s'était toujours gardé de ramener quelqu'un. La faute avait été commise, maintenant, il voulait l'oublier. Il s'éloigna en repassant devant les chambres, et descendant les marches pour rejoindre le salon et Mina, qu'il avait laissé au coin du feu. Elle s'était endormie. Ce n'est pas comme si elle était insensible aux éclats de l'étage. Elle avait juste pris l'habitude. Sylas rejoignit son fauteuil, avant de préparer sa pipe à tabac.

Voilà une journée qu'il n'allait certainement pas oublier de sitôt. Ni la nuit qu'il passerait ici, dans son fauteuil. Pensif, et fumant, il réfléchissait sur ce qu'il pourrait bien dire à l'homme qui l'avait embarqué dans toute cette histoire. S'il était de mèche, il fallait jouer serrer. Encore une journée contre productive. Où il n'écrirait toujours pas d'article à sensation... il se refusait d'écrire ce qu'il avait bien pu se passer. A cet instant, il savait. Qu'il ne pourrait parler à personne du vampire qu'il avait croisé. Et que son image commencerait à le hanter.

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La nuit n'avait pas été tout à fait tranquille. Chose étrange, Sylas n'avait jamais été très matinal. Il était même plutôt du genre à mieux dormir une fois le petit matin venu. Il avait en revanche énormément de mal à s'endormir lorsque son esprit était préoccupé. Il essayait toujours de se vider l'esprit avant de se laisser plonger dans les bras de Morphée. Mais il arrivait parfois qu'il lui soit impossible de le faire réellement. Alors il ressassait sans cesse ce qui le perturbait. Cette nuit était l'une de ces nuits. Il savait, en fumant sa pipe qu'il n'arriverait pas à fermer l'œil tout de suite. L'image de ce vampire le hantait. Il essayait de comprendre, mais il savait qu'il n'avait pas toute les cartes en main pour … si des vampires vivaient vraiment, quoi d'autres pouvaient encore exister ?

Sylas se savait vulnérable. Il savait qu'il n'avait pas la force de certains, ni même le courage d'autres. Il savait ses propres faiblesses. Mais de savoir qu'une créature bien plus dangereuse et puissante qu'un humain pouvait exister, c'était comme se sentir encore plus vulnérable et en danger qu'auparavant. Il essaya pendant un instant, de ne pas trop y penser, mais l'idée le rattrapait petit à petit, plus la soirée passait.

Il regardait autour de lui, comme se sentant tout à coup pas du tout en sécurité dans sa propre maison. Ce qui était peut-être tout à fait légitime. D'un geste lent, il posa sa pipe sur le guéridon, avant d'éteindre enfin toutes les lumières autours de lui dans le salon. Il s'approcha de la fenêtre pour vérifier que le loquet était bel et bien fermé. La maison était calme, rien ne laissait présager qu'un danger était proche. Mais c'était aussi comme le calme avant la tempête. Sylas avait tout à coup peur … de ce qu'il pourrait à présent se passer.

La nuit ne portait pas conseil. Il fit beaucoup les cent pas, avant de se laisser aller dans son fauteuil, où il trouva enfin le sommeil après avoir vainement lutté. A son réveil, il se sentait très lointain. Comme si toute la journée de la veille n'avait été qu'un cauchemar. Un songe qu'il s'était lui-même forgé, avec un incroyable sens de la créativité. A la seconde même où il retrouvait de plus en plus l'ouïe, il s'aperçut que Mina était en train de gratter à la porte d'entrée.

Après s'être levé, et rapproché du couloir, il appela Mina. Voilà qu'elle revint vers son maître. Sylas ne comprenait pas pourquoi elle s'était comporté de la sorte, et retourna dans le salon. Il se frotta les yeux, avant d'apercevoir un mot. Posé avec précaution. Instinctivement, il s'en empara, et commença à le lire.

Au fil de sa lecture, c'est comme s'il reposait à nouveau les pieds sur terre. Qu'il reprenait à nouveau conscience. Mais ce n'était pas le pire à comprendre. Dans les mots d'Anastasia, il comprit ce qu'elle s'apprêtait à faire. La mission qu'elle se donnait de remplir pour lui. Comme s'il était un autre contrat banal pour elle. Il n'avait pas eu l'occasion de lui en parler en face à face, et elle ferait sans doute toute les recherches possibles pour lui. Et elle reviendrait lui en parler. C'était certain. La revoir ne lui déplaisait pas. C'était savoir qu'elle pourrait avoir des nouveaux éléments qui lui faisait peur. Et si effectivement, elle trouvait. Pourrait-il supporter lui aussi la vérité ? Elle était jeune, elle rebondirait sans doute de savoir que son père était vampire. Mais lui ? Il savait que ça le briserait encore plus qu'il ne l'était déjà. Il était partagé néanmoins une nouvelle fois entre un sentiment de tristesse, et de compassion.

Il ne connaissait même pas Anastasia. Il venait juste de la rencontrer. Malgré ce qu'il s'était passé entre eux. Il savait qu'il pouvait compter sur elle, et il voulait lui aussi qu'elle sache, qu'elle pouvait compter sur lui. Peu importait si elle devait se sentir concernée par son histoire, parce qu'elle était chasseuse. Et peu importait si lui ne l'était pas. Peu importait s'il était plus misérable qu'elle. Il l'aiderait à sa façon. Il se le jura, pendant qu'il serra le mot dans sa main.